Le PDG de la compagnie Air France a estimé mardi que la nécessité de restructurer le groupe franco-néerlandais Air France-KLM n'était pas manifeste avant 2011/2012.
A la question d'un député, qui demandait pourquoi un plan de restructuration n'avait pas été mis en place avant cette année, Alexandre de Juniac a répondu qu'il fallait se replacer dans le contexte des années 2008/2011.
"La crise arrive en 2008 de manière très inattendue. Elle a été extrêmement brutale et, en 2010, il y a eu un vrai retour du trafic qui a pu faire penser de manière très légitime que la sortie de crise était là", a-t-il déclaré lors de son audition devant la Commission du développement durable de l'Assemblée nationale.
"Finalement, la conjoncture a replongé en 2011 et 2012. Cette crise a eu deux phases opposées qui ont pu laisser à penser que les choses n'étaient pas définitives", a-t-il ajouté.
Il a souligné que la crise avait "surtout été le révélateur de l'insuffisante compétitivité" du groupe et d'Air France en particulier. Ce défaut de compétitivité "s'est révélé au fur et à mesure et pas immédiatement", a-t-il insisté.
Il a relevé que des coûts et des charges pesaient sur le groupe Air France, "entreprise de main d'oeuvre qui se bat statuts sociaux contre statuts sociaux face à des concurrents internationaux".
Il s'est ainsi dit favorable à toute mesure qui allégerait le coût du travail "notamment des transferts d'assiettes du financement de la protection sociale".
Selon lui, ces charges sociales représentent "plusieurs centaines de millions d'euros d'écart avec KLM et plusieurs centaines de millions avec Lufthansa".
Air France-KLM a engagé en janvier un plan de restructuration destiné à économiser deux milliards d'euros à l'horizon 2015.
Pour atteindre son objectif de 20% d'efficacité économique supplémentaire, le groupe Air France (Air France et ses filiales régionales Regional, Britair, Airliner) renégocie les accords régissant les rémunérations, les évolutions de carrière, l'organisation du travail, les temps de repos, etc.
La compagnie tricolore doit, elle, détailler jeudi son plan de réduction d'effectifs. Au total, 5.122 suppressions de postes sont prévues d'ici à fin 2013 sans départs volontaires.
S'agissant de la restructuration des compagnies filiales, Regional, Britair et Airliner, Alexandre de Juniac a détaillé le calendrier: "les travaux ont démarré début mai, les négociations s'ouvriront en septembre, le plan est en train d'être finalisé".
Il estime en outre que "l'évaluation du sureffectif ne pourra pas intervenir avant l'automne" mais il s'est voulu rassurant: "le mode de traitement sera aligné sur ce qui est fait pour Air France", c'est-à-dire par le biais de départs naturels ou volontaires.
La filiale Regional a fait grève quatre jours la semaine dernière, redoutant pour les emplois. Car le plan de restructuration prévoit la réorganisation du court et du moyen-courrier, actuellement déficitaire, en trois pôles, dont un constitué de Britair, Regional et Airliner.
Interrogé enfin sur la concurrence du TGV, Alexandre de Juniac a reconnu que l'arrivée d'une ligne à grande vitesse dans une ville entraînait un effondrement du trafic d'Air France, notamment pour les courtes distances. "Au delà de trois heures, l'avion redevient compétitif", a-t-il conclu.