La décision du tribunal de commerce de Paris sur l'attribution des actifs de SeaFrance à un candidat à la reprise a été une nouvelle fois reportée jeudi, "au moins jusqu'à lundi", a-t-on appris de source proche de la procédure.
"Contre toute attente, la décision du tribunal de commerce de Paris concernant la vente des navires de SeaFrance ne sera pas rendue aujourd'hui" (jeudi), a indiqué cette source, qui évoque un "report à lundi" de la décision.
Le mandataire judiciaire avait déposé mardi, date à laquelle une décision devait être prise après un premier report, une requête dans laquelle il préconise une solution de cession à un repreneur potentiel.
Déposées le 10 mai, les offres de reprise sont au nombre de trois, la plus importante provenant du groupe Eurotunnel qui propose 65 millions d'euros pour reprendre la globalité des actifs corporels et incorporels de la compagnie transmanche.
"Depuis le 29 mai (mardi), il n'y a pas de prorogation du délibéré, nous sommes dans l'absence d'un délibéré", a déclaré l'avocat des ex-salariés de SeaFrance, Me Philippe Brun, lors d'un point de presse jeudi après-midi à Calais (Pas-de-Calais), dénonçant une situation "inacceptable".
"Vous avez tous les ingrédients pour que le juge-commissaire se prononce puisque nous avons une requête qui a été adressée par le mandataire judiciaire qui a indiqué quel était son choix. Je ne connais pas son choix mais je peux le deviner, dans la mesure où l'offre la mieux disante c'est celle d'Eurotunnel", a poursuivi Me Brun.
Selon l'avocat, lors d'une rencontre mardi avec le patron de la SNCF (maison mère de SeaFrance), Guillaume Pepy, le nouveau ministre des Transports et de la Mer, Frédéric Cuvillier, "aurait donné instruction pour qu'on arrête de traîner les pieds".
"Si d'ici à huit jours, on n'a toujours pas de décision, moi je sais comment ça va se terminer: c'est la vente aux enchères, c'est plus 65 millions d'euros, c'est 10 millions", a ajouté Me Brun, accusant la SNCF d'avoir "tout fait pour que la coopérative ouvrière ne voit pas le jour".
SeaFrance, qui, avant sa liquidation le 9 janvier, employait 880 personnes en France et 130 au Royaume-Uni, exploitait quatre navires entre Calais et Douvres, dont trois -le Berlioz, le Rodin et le Nord-Pas-de-Calais- lui appartenaient. Ces bateaux ont été estimés à une valeur totale comprise entre 150 et 200 millions d'euros.
Le consortium Louis-Dreyfus/DFDS, qui exploite déjà deux navires sur la ligne Calais-Douvres sur laquelle opérait SeaFrance, propose de son côté 25 à 50 millions d'euros pour un ou deux bateaux.
La troisième offre est celle du groupe suédois Stena Line, qui souhaite acquérir un seul navire, le Rodin, pour la somme de 30 millions d'euros.