Sollicité sportivement et médiatiquement comme jamais depuis six mois et son record du monde de la perche, le Français Renaud Lavillenie a rechargé les batteries en se recentrant sur l'essentiel, son sport, lors des trois dernières semaines avant l'Euro de Zurich.
"Ca m'a fait beaucoup de bien", reconnaît le "Napoléon" de la perche, prêt à en découdre dès jeudi en Suisse, pour des qualifications a priori sans problème. La finale, elle, est programmée samedi à partir de 15h00.
Après avoir répondu, rien qu'en juillet, à une centaine de sollicitations de toutes sortes, Lavillenie a volontairement refermé sa bulle. "Je joue toute ma saison sur cet Euro", souligne-t-il pour expliquer sa démarche.
"Il y avait de la lassitude mentale et physique. Avec ces trois semaines qui viennent de passer, j'arrive détendu. On a pu faire un rappel de travail physique, ce qui est toujours bien, mais j'avais besoin avant tout d'une coupure mentale. J'ai connu huit à neuf semaines de sollicitations intenses", explique-t-il à propos de son début de saison estivale.
L'hiver avait déjà été bien plus riche en obligations que d'habitude, dans le sillage de son record du monde à Donetsk en février (6,16 m).
"Le nombre de sollicitations s'est accru considérablement, et c'est aussi la longueur de ces sollicitations qui s'est allongée. Avant, j'avais par exemple un point presse d'une demi-heure, maintenant j'en ai plusieurs, pour trois heures voire plus. C'est autant d'énergie que l'on perd et que l'on n'a plus pour le stade", souligne-t-il.
- Objectif: 3e titre d'affilée -
Mais Lavillenie, excellent communicant, s'est volontairement plié à ce jeu et ne regrette en rien ces efforts.
"Il faut se faire à l'idée que c'est ma nouvelle vie. Il y a eu beaucoup d'effervescence et si j'ai voulu couper, ce n'est pas parce que j'en avais marre en tant que tel. C'est tout simplement pour être tranquille", insiste-t-il.
A Aubière, son fief sur les hauteurs de Clermont, le champion olympique a pu "bien s'entraîner".
"J'ai très, très peu parlé au téléphone et c'était bon, souffle-t-il. A l'entraînement, il n'y avait plus de caméra ou d'appareil photo et c'est important de se préserver une intimité professionnelle avec le coach et les partenaires d'entraînement".
Son entraîneur Philippe d'Encausse abonde: "Ca lui a fait du bien de se ré-entraîner. Mais tout cela était bien programmé depuis le record du monde. On a vu qu'il y avait trois semaines de calme possibles avant Zurich, donc on s'est organisé en ce sens. Il était fatigué mais pas à plat".
Frais mentalement et au top physiquement, "comme cet hiver", Lavillenie arrive donc à Zurich totalement débarrassé des suites de sa blessure au pied, contractée le soir de son record du monde: "Depuis un mois, je me sens totalement libéré de ma blessure, je n'ai plus aucune douleur".
En bon compétiteur, son premier objectif est de décrocher un 3e titre européen consécutif, ce qui ferait de lui le deuxième perchiste de l'histoire à y parvenir, après l'Allemand Wolfgang Nordwig (1966, 1969, 1971).
Accessoirement, il remporterait son 20e concours consécutif...
Cela fait, Lavillenie espère établir un nouveau record des championnats, actuellement à 6,00 m par le Russe Rodion Gataullin à Helsinki en 1994.
Et après? "J'ai mes hauteurs suivantes en tête", sourit-il.