Premier film réalisé par Jordan Peele, «Get Out» s’était imposé comme une des bonnes surprises de l’année 2017 au cinéma. La conclusion du film aurait toutefois pu être complètement différente de celle proposée dans la version originale.
Un choix à faire. En 2017, Jordan Peele faisait ses débuts en tant que réalisateur avec «Get Out», un thriller captivant qui voyait Daniel Kaluuya incarner le personnage de Chris, un jeune afro-américain invité par sa petite amie, Rose Armitage, à rencontrer ses parents dans sa ville natale. Il y découvre une vaste machination des habitants pour s’emparer des corps de leur victime en transférant leur conscience dans leur cerveau. Quand Chris comprend qu’il est le prochain cobaye sur la liste, il tente par tous les moyens de fuir. Et ce n’est qu’au terme d’un effort inouï où il manque de mourir à plusieurs reprises qu’il parvient à s’échapper.
À la fin du film, le jeune homme blesse mortellement sa petite amie lors d’une ultime confrontation, et réussi à prendre la fuite avec son ami, Rod, venu l’aider après avoir compris qu’il était en danger. Une fin heureuse qui aurait pu être très différente. Jordan Peele avait confirmé avoir réalisé une conclusion dans laquelle la police arrive au moment où Chris prend le dessus sur Rose. Le jeune homme est immédiatement arrêté par les policiers, avant d’être accusé et condamné pour le meurtre de Rose et de sa famille. Rod lui rend alors visite en prison pour savoir ce qui s’est passé, et Chris se contente de lui dire qu’il a réussi à mettre fin aux plans machiavéliques de la famille Armitage.
Racisme systémique
Le réalisateur souhaitait ainsi mettre en avant les réalités du racisme systémique aux États-Unis en terminant sur cette fin douce-amère. Cette conclusion ne fut pas retenue en raison de la réaction partagée des spectateurs lors des projections tests. Une autre fin, qui n’a pas été tournée, voyait Rod rejoindre la propriété de la famille Armitage où il retrouve Chris en train de se regarder dans le miroir. Quand il lui fait part de ses découvertes sur les atrocités commises par les Armitage, Chris lui répond : «Je t’assure, je ne sais pas de quoi tu parles».
Dans un article publié sur le site américain Vulture en 2018, le producteur Sean McKrittick avait souligné l’importance du contexte politique au moment de la sortie du film. Développé et réalisé sous la présidence de Barack Obama, «Get Out» est sorti en salle au début du mandat de Donald Trump, où les questions de racisme systémique faisait la Une de l’actualité. Selon lui, la conclusion alternative où Chris terminait derrière les barreaux était «comme si nous avions donné un coup à l’estomac des spectateurs. Nous pouvions sentir le malaise dans la salle», expliquait-il. La décision a donc été prise de terminer sur une note plus positive. À tort ou à raison.