La série «Shogun», adaptation du roman éponyme de James Clavell publié en 1975 et accessible sur Disney+, suit les aventures d’un marin britannique dans le Japon médiéval à l’aube du 17e siècle. Un récit inspiré d’une histoire vraie passionnante. Explications.
Un navigateur devenu samouraï. La mini-série «Shogun», qui vient d’être lancée sur Disney+, raconte l’histoire d’un navigateur britannique et de son équipage débarquant au Japon en 1600, au moment où deux seigneurs de guerre s’apprêtent à se livrer une bataille féroce pour s’emparer du pouvoir. Adaptation du roman éponyme de James Clavell datant de 1975, cette histoire est librement inspirée de la vie du marin anglais William Adams.
Né à Gillingham, dans le Kent, en Angleterre, le 24 septembre 1564, il entre dans la marine anglaise où il va étudier la construction navale, l'astronomie et la navigation. En 1588, il épouse Mary Hyn qui lui donnera une fille, Deliverance. À l’âge de 34 ans, il s’engage auprès d’une compagnie néerlandaise faisant du commerce avec l’Inde, devenant maître-pilote d’une flotte de cinq navires voyageant vers l’Extrême-Orient en 1598. C’est en piteux état, après de multiples affrontements (dont un qui coûtera la vie à son frère, Thomas) et plusieurs tempêtes qui ont isolé son bateau, le Liefde, du reste de la flotte, que William Adams et vingt-quatre survivants arrivent au large de l’île de Kyushu, au Japon, en avril 1600.
Conseiller du Shogun
Seuls neuf membres de l’équipage sont capables de se lever pour quitter le navire. Les prêtres jésuites portugais présents à terre affirment que le navire de William Adams est un bateau pirate, et que la totalité de l’équipage doit être crucifié. Tous se retrouvent emprisonnés au château d’Osaka sur ordre de Ieyasu Tokugawa, le daimyö local qui deviendra shogun trois ans plus tard. Ce dernier est séduit par les connaissances en navigation et en construction navale de William Adams, et refuse la mise à mort de son équipage.
En 1604, Ieyasu Tokugawa, désormais Shogun, ordonne la construction d’un navire dans le style occidental de 80 tonneaux, puis un deuxième de 120 tonneaux. S’il n’est pas en mesure d’obtenir la permission de quitter le Japon, William Adams parvient à convaincre le Shogun de laisser certains marins du Liefde reprendre leurs activités commerciales avec les territoires de l’Asie du Sud-Est. La relation entre les deux hommes évolue favorablement au point que la navigateur anglais est nommé diplomate et conseiller commercial du Shogun. Il finira par devenir son interprète officiel à la place du Jésuite Joäo Rodrigues.
Nommé samouraï
Interdit de retourner en Angleterre auprès de son épouse et de sa fille, le marin britannique obtient le titre honorable de samouraï après que le Shogun ait décrété la mort du navigateur William Adams, et la naissance du samouraï Miura Anjin (ce qui signifie le «pilote de Miura»). Enfin «libéré», il reçoit également le titre de hatamoto, porte-étendard, une position de prestige au sein de la cour du Shogun. Il dispose d’importants revenus, et se voit confier un territoire placé sous son autorité. Sa nouvelle position lui permet d’épouser Oyuki, la fille d’un noble, avec laquelle il aura deux enfants.
Incapable de rester en place, fort de ses nouvelles responsabilités auprès du Shogun, William Adams va organiser plusieurs expéditions et développer des relations commerciales, notamment avec l’Angleterre, et deviendra un marchand employé par la Compagnie anglaise des Indes orientales. Il meurt à Hirado, au nord de Nagasaki, le 16 mai 1620, à l’âge de 56 ans. Une rue de Tokyo porte aujourd’hui son nom (Anjin Cho, la rue du pilote), et une célébration annuelle est organisée en son honneur le 15 juin. Les villes d’Ito et Yokosuka sont jumelées avec Gillingham, la ville natale du navigateur.