Après avoir assisté à six semaines de témoignages explosifs, les jurés, appelés à donner leur avis à l’issue du procès en diffamation opposant les acteurs et ex-époux Amber Heard et Johnny Depp, continuent leurs délibérations ce mercredi.
Le verdict est proche. Six semaines après le début de leur procès ultra-médiatisé, Amber Heard et Johnny Depp vont bientôt connaître la décision du jury concernant les attaques en diffamation qu’ils se sont mutuellement faites.
Après avoir commencé à délibérer durant deux heures vendredi dernier et avoir profité d'une pause ce week-end et ce lundi (férié aux Etats-Unis), le jury, composé de sept personnes, doit ce mardi reprendre les délibérations pour déterminer si l'une ou l'autre des parties a diffamé l'autre et, dans l'affirmative, si l'une ou l'autre a droit à des dommages-intérêts.
Vendredi, dans leurs plaidoiries finales, les avocats de Johnny Depp ont intimé les jurés de «lui rendre sa vie» après avoir affirmé qu'elle avait été «ruinée» par les allégations de violence domestique émises par Amber Heard. Johnny Depp espère que le procès aidera à restaurer sa réputation, même si l’événement retransmis à la télévision s'est transformé en un véritable spectacle peu reluisant, avec en son cœur des révélations toujours plus sordides mettant au jour un mariage pour le moins dysfonctionnel. «Il y a un agresseur dans cette salle d'audience, mais ce n'est pas M. Depp», a déclaré Maître Vasquez, l’avocate de la star de Pirates des Caraïbes. Cette dernière a également accusé Amber Heard d'avoir trafiqué les photos de ses blessures, et affirmé que c’était là la preuve que toutes ses allégations d'abus étaient infondées.
«Soit vous croyez tout, soit rien», a-t-elle dit aux jurés. «Soit elle est victime d'abus horribles et laids, soit c'est une femme qui est prête à dire absolument n'importe quoi.»
le verdict aura une forte symbolique
Dans leur conclusion, les avocats de l’actrice ont quant à eux déclaré qu'une décision en faveur de Johnny Depp ferait des jurés des «complices» de ses abus et de sa «campagne d'humiliation mondiale» qu'il avait promise à son ex-épouse.
L’avocat de l’actrice d’Aquaman, Maître Rottenborn, a déclaré que les critiques sur les preuves d'abus d'Amber Heard faisaient fi des nombreuses preuves accablantes qui avaient été présentées au tribunal, et envoyaient un message dangereux aux victimes de violence domestique.
«Si vous n'avez pas pris de photos, cela ne s'est pas produit», a volontairement dit avec provocation ce dernier pour rebondir sur la plaidoirie adverse. «Si vous avez pris des photos, elles sont fausses. Si vous ne l'avez pas dit à vos amis, vous mentez. Si vous l'avez dit à vos amis, ils font partie du canular.», a-t-il poursuivi pour mettre le doigt sur le triste sort de nombreuses victimes de violences intra-familiale réduites au silence par tous les moyens.
Il a déclaré que la plainte en diffamation de Johnny Depp devait échouer si Amber Heard n’avait subi ne serait-ce qu'un seul des abus qu'elle rapporte. Pour mémoire, au cours du procès, Amber Heard a témoigné de plus d'une douzaine d'épisodes d'agressions physiques et sexuelles.
«Ce procès signifie beaucoup plus que Johnny Depp contre Amber Heard, c'est à propos de la liberté d'expression. Défendez-la, protégez-là», a-t-il lancé aux jurés. L'avocate de l'actrice, Elaine Bredehoft, a notamment déclaré que le jury avait la possibilité d'offrir un moyen d'indemniser Amber Heard pour les abus qu'elle a rapportés, des abus qui ont continué après la séparation du couple avec une campagne de diffamation. «Nous vous demandons de tenir enfin cet homme pour responsable», a déclaré Maître Bredehoft au jury. «Il n'a jamais accepté la responsabilité de quoi que ce soit dans sa vie.»
une question en cache une autre : y-a-t-il eu diffamation et y-a-t-il eu abus ?
Pour mémoire, Amber Heard est poursuivie par Johnny Depp qui lui réclame 50 millions de dollars pour avoir laissé entendre qu'il avait abusée d’elle dans un éditorial du Washington Post de 2018, et ce bien qu'elle ne l'ait pas nommé explicitement puisqu'elle s’y était simplement présentée comme «une personnalité publique représentant la violence domestique».
Johnny Depp affirme que ces allégations ont eu un impact majeur sur sa carrière. Amber Heard a de son côté contre-attaqué pour 100 millions de dollars, portant en étendard la liberté de parole et affirmant que son ex-époux l'avait diffamée lorsque l’avocat de ce dernier avait déclaré que les accusations de violences et de viols qu'elle portent à l’encontre de Johnny Depp étaient un «canular». En avait résulté une immense vague de haine envers elle qui a fait de son quotidien un cauchemar et perdre de nombreux contrats, a-t-elle expliqué.
Pour délibérer, le jury devra se concentrer non seulement sur la question de savoir si l’éditorial paru dans le Washington Post d'Amber Heard peut être considéré comme légalement diffamatoire, mais aussi de savoir s'il y a eu abus. Or cette question avait déjà été abordée lors du procès britannique de Johnny Depp contre le Sun en 2020, lorsqu'il avait poursuivi la publication pour diffamation pour un article qui le qualifiait de «batteur de femme». Pour mémoire Johnny Depp avait perdu cette affaire après que le tribunal avait conclu que la majorité des allégations d'abus de Heard étaient «essentiellement vraies».