En pleine tempête médiatique de l’autre côté de l’Atlantique où il est même devenu un argument de campagne, le film Mignonnes, sorti en salles cet été en France et diffusé sur Netflix aux Etats-Unis, n’en finit pas de susciter la polémique. Pour le défendre, les membres de l’ARP (Société civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs) ont publié un communiqué.
Les ultra-conservateurs américains n'en démordent pas, et appellent au boycott du film qu’ils accusent de sexualiser des enfants, à l'instar du sénateur texan Ted Cruz qui a demandé au ministère de la Justice de déterminer «si Netflix, ses dirigeants ou les individus impliqués dans le tournage et la production de Mignonnes ont violé les lois fédérales contre la production et la distribution de pornographie infantile». De leur côté, les cinéastes de l'ARP, présidée par Claude Lelouch et Pierre Jolivet, ont tenu à apporter leur soutien à sa réalisatrice Maïmouna Doucouré.
Cet appel au boycott du film français Mignonnes sur Netflix aux États-Unis est «une grave attaque contre la liberté de création», a estimé ce mardi 15 septembre l’ARP. «A l’heure où les plus conservateurs des Américains demandent le boycott du film Mignonnes, nous tenons à apporter notre soutien à Maïmouna Doucouré, sa réalisatrice, qui a obtenu le prix de la meilleure réalisation au Festival de Sundance (…) Ce film produit en France, puis acheté par Netflix pour sa diffusion aux Etats-Unis, est emblématique de l’indispensable liberté d’expression dont le cinéma, dans toute sa diversité, a besoin pour aborder des sujets dérangeants, donc nécessaires à l’exercice de la démocratie. Nous serons toujours aux côtés de ceux qui soutiennent et diffusent les œuvres exprimant cette liberté».
Le film avait commencé à susciter des réactions négatives sur Twitter dès le mois d’août. « La polémique a commencé avec l’affiche… Le plus important, c’est de regarder le film et de comprendre que nous menons le même combat », a de son côté déclaré Maïmouna Doucouré dans une interview pour Vanity Fair.
Au moment de la sortie du film en France, la réalisatrice avait confié à Paris Match que son film pointait justement du doigt les dangers de l’hypersexualisation des enfants afin d'alerter sur ses dérives et ses dangers. «J’en ai eu l’idée (du film) après avoir vu dans une fête de quartier des filles de 11 ans danser de façon hyper lascive. Je me suis dit, est-ce qu’elles ont conscience du message qu’elles envoient ?» avait-elle expliqué.
Maïmouna Doucouré décrit son film comme un cri d’alarme, «un uppercut nécessaire sur l’aliénation adolescente au temps des réseaux sociaux», insistant sur l’«urgence à remettre en question les outils qu’on leur donne pour se construire.» Le long-métrage suit une petite Parisienne de 11 ans d’origine sénégalaise qui rêve d’intégrer une bande de filles qui dansent de manières suggestives comme dans les clips. Des gamines en construction poussées trop vite hors de l’enfance, notamment par une course effrenée aux likes... Salué par la critique, Mignonnes a reçu le prix de la mise en scène au festival de Sundance et la mention spéciale du jury au festival de Berlin.
#Communiqué Appel au boycott du film Mignonnes : une grave attaque contre la liberté de création https://t.co/EcyV2J28Ty
— Cinéastes de L'ARP (@L_ARP) September 15, 2020