Accusée par des internautes d’«hypersexualiser» des enfants dans un visuel destiné à la promotion du film «Mignonnes» qu’elle diffuse en dehors de l’Hexagone, la plate-forme Netflix a présenté ses excuses.
L’affiche au cœur de la polémique a provoqué une avalanche de réactions sur Twitter. Elle dévoilait des pré-adolescentes en tenues moulantes et prenant des poses suggestives. Un visuel différent de celui utilisé en France pour la sortie du film en salles ce mercredi, qui montre quant à lui des jeunes filles se promenant dans la rue.
«J’ai ouvert #Netflix et cette publicité est apparue: 'Mignonnes', une jeune fille musulmane de 11 ans qui poursuit son rêve dans un groupe de danse, défiant les valeurs de ses parents. Quand on appelle un film 'Mignonnes' et qu’on en fait la promotion comme ça, c’est de la sexualisation d’enfants de 11 ans. Honte à vous, Netflix», s’est notamment insurgée une internaute. «Netflix s’est vraiment planté. A en juger par les critiques, Mignonnes est 'critique' envers la sexualisation des jeunes filles, mais la façon dont Netflix en fait la promotion est... à l’opposé», s'est révolté un autre.
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So, I opened #Netflix and this promotion popped up: "Cuties": about an 11yr old muslim girl pursuing her dream in a dance group, defying her parent's values.
When you call a movie "Cuties" and promote it like this: That's sexualizing 11yr old kids
Shame on you, @Netflix pic.twitter.com/R6pw3qLHAz— iDavid (@iDavid76) August 20, 2020
La campagne de Netflix a causé un tel tollé qu’une pétition sur Change.org demandant à supprimer le film a déjà recueilli près de 300 000 signatures ce vendredi. « Ce film est dégoûtant car il sexualise une enfant de 11 ans pour le plaisir visuel des pédophiles et influence négativement nos enfants », peut-on lire dans la pétition. « Il n'y a pas besoin de ce type de contenu dans cette tranche d'âge, surtout lorsque le trafic sexuel et la pédophilie sont si répandus ! Il n'y a aucune excuse, c'est un contenu dangereux. »
Ok so the Netflix Cuties movie.
I did some research and the director is a French Senegalese Black woman who is pulls from her own experiences as an immigrant and comments on the hyper-sexualization of preadolescent girls.
But look at the original poster vs the Netflix one pic.twitter.com/JVbaa5iueG{Miggs...?} (@miggsboson) August 20, 2020
«Nous sommes profondément désolés pour le visuel inapproprié que nous avons utilisé pour Mignonne/Cuties», a fait savoir la plate-forme sur les réseaux sociaux. «Ce n'était ni bien, ni représentatif de ce film français récompensé au festival de Sundance. Nous avons modifié l'affiche et la description» de l'œuvre, a ajouté Netflix.
We're deeply sorry for the inappropriate artwork that we used for Mignonnes/Cuties. It was not OK, nor was it representative of this French film which won an award at Sundance. We’ve now updated the pictures and description.
— Netflix (@netflix) August 20, 2020
Un long-métrage récompensé à Sundance
Le film «Mignonnes» aborde justement le thème de l’hypersexualisation des préadolescentes. Premier long-métrage de la réalisatrice Maïmouna Doucouré, il dresse le portrait d'une petite parisienne de onze ans, tiraillée entre l’éducation traditionnelle de sa mère et son envie d’intégrer le groupe de danseuses.
Dans une interview accordée à Paris Match, la réalisatrice explique comment lui est venue l’envie de traiter ce sujet. «J’en ai eu l’idée après avoir vu dans une fête de quartier des filles de 11 ans danser de façon hyper lascive. Je me suis dit, est-ce qu’elles ont conscience du message qu’elles envoient ?».
Elle décrit son film comme un cri d’alarme, «un uppercut nécessaire sur l’aliénation adolescente au temps des réseaux sociaux», insistant sur l’«urgence à remettre en question les outils qu’on leur donne pour se construire.»
Salué par la critique, le long-métrage a reçu le prix de la mise en scène au festival de Sundance et la mention spéciale du jury au festival de Berlin.
La bande-annonce de Mignonnes, à l'affiche en France depuis mercredi, et l'international le 9 septembre sur Netflix :