Alors que 2020 approche, ouvrant ainsi une nouvelle décennie, l'heure du bilan a sonné. Que s'est-il passé ces dix dernières années sur la scène humoristique ? Petit retour en arrière dans les pas de dix artistes, qui chacun dans leur style, ont marqué les années 2010.
En dix ans, ils se sont fait un nom au point de devenir des valeurs sûres de l'humour comme Florence Foresti, Jamel Debbouze, Elie Kakou, Pierre Palmade ou encore Muriel Robin avant eux. De Blanche Gardin, auréolée de deux Molières en deux ans, à Kyan Khojandi à l'origine du concept «Bref», en passant par Gaspard Proust, Fary, ou encore Kev Adams, ils ont su faire parler d'eux.
Blanche Gardin : la consécration
La reine de l’humour noir. En trois one-woman shows, Blanche Gardin a incontestablement marqué la décennie. Son premier seul en scène « Il faut que je vous parle», créé en 2015, après avoir rodé son style tranchant au Jamel Comedy Club dès 2006, la fait entrer de plain-pied dans la cour des grands. Un cénacle qu’elle ne quitte plus. Saluée par le Molière de l’humour en 2018 avec « Je parle toute seule », récompense qu’elle s’était d’ailleurs remise à elle-même, Blanche Gardin récidive en 2019 avec son troisième spectacle «Bonne nuit… blanche». Maniant avec virtuosité le cynisme, la quadragénaire est devenue la chef de fil d’un stand up corrosif à la plume acérée.
Fabrice Eboué : l'humour sans tabou sur scène et grand écran
S’il se fait repérer dès 2006, notamment au sein du Jamel Comedy club comme sa consœur Blanche Gardin, l'année 2010 marque un tournant pour Fabrice Eboué. Cette année là, l’humoriste sans tabou, qui vanne tout et tout le monde sans complexe, sa ligne directrice, présente son premier one man show «Faites entrer Fabrice Eboué». Un spectacle couronné de succès suivi trois ans plus tard par «Levez-vous !» (2013) et «Plus rien à perdre» (2017), qui lui vaut une nomination aux Molières. Une décennie que l'humoriste met à profit pour toucher à tout, jouant avec succès sur tous les tableaux : acteur, metteur en scène, scénariste, réalisateur. Avec son comparse Thomas Ngijol, il passe ainsi derrière la caméra («Case départ» en 2010 et «Le crocodile du Botswanga»(2014)) puis se lance en solo, en 2017, avec «Coexister», qui réunit notamment à l'écran Ramzy, Guillaume de Tonquédec et Alexandra Lamy.
GASPARD PROUST : AUSSI POLITIQUEMENT INCORRECT QUE DESPROGES
Valeur montante de l’humour en 2010, considéré comme le digne successeur de Pierre Desproges, Gaspard Proust intègre rapidement le monde des humoristes qui comptent. L’ex-banquier d’affaires fait des émules avec son spectacle «Enfin sur scène ?», rebaptisé ensuite «Gaspard Proust tapine» et marqué par son humour noir et son cynisme à toutes épreuves, mais aussi son amour des mots. Un style et un ton tranchant qu’il cultive avec brio dans son deuxième one-man show, qui lui vaut une nomination aux Molières en 2017.
Fary : le stand up haut de gamme
De l’audace, un ton piquant et un style qui n’appartient qu’à lui, Fary est devenu l’une des stars de l’humour. Depuis 2014, date à laquelle il présente son premier one-man sur la scène du Point-Virgule, rien n’arrête le jeune homme. Seul artiste à avoir affiché complet pendant deux ans plus d’un mois à l’avance au Point-Virgule, plus jeune humoriste à s’être produit sur la scène du Châtelet et à avoir rempli Bercy, à 28 ans il cultive son style et ouvrira à Paris, le 27 novembre prochain, son Comedy club, dont le design est signé JR.
Kyan Khojandi : inventeur d'un genre
Révélé au grand public dans la mini-série «Bref» - les tracasseries quotidiennes d’un trentenaire chômeur et célibataire diffusées sur Canal + entre 2011 et 2012 - Kyan Kohjandi a lui aussi indubitablement marqué la décennie au point d’inventer un style, avec son comparse Bruno Muschio alias Navo. Le style «Bref» - une tranche de vie racontée sur un débit de mitraillette, un ton monocorde, et une chute évidemment drôle - est repris sur la toile et même jusque dans la pub. Auteur de deux one-man shows, l’excellent « Pulsions » en 2016 et le très drôle « Une bonne soirée » en 2018, il transpose son style à la scène avec autant d’efficacité que sur le petit écran, en y distillant un supplément d’âme résolument touchant.
KEV ADAMS : L'EX-JEUNE HOMME DEVENU GRAND
Il fête actuellement ses dix ans de scène. Découvert dans la série «Soda», Kev Adam a grandi sur scène au sens propre. Alors que fin 2009, à seulement 17 ans, il présente son premier spectacle « The young man », il déclenche immédiatement un véritable engouement. Spontané, sans complexe, il devient l'idole des plus jeunes, qui se retrouvent en lui quand les parents y voiznt un moyen de comprendre un peu mieux leurs ados. Dix ans plus tard, il a joué dans plus de dix-huit longs métrages, partagé l’affiche avec Gad Elmaleh et fait partie des artistes qui ont compté cette dernière décennie.
MATHIEU MADÉNIAN : CASH ET DÉCONTRACTÉ
Si le Perpignanais présente en 2009 son premier one-man show au Paname, il commence réellement à faire parler de lui dès 2010. A l’époque, il joue quotidiennement son spectacle au Point-Virgule et intègre l’équipe de Michel Drucker. De là, tout s’accélère et Mathieu Madénian devient la coqueluche du PAF et des ondes, avec son style rentre dedans et décontracté. L’ex-voix off d’«Un gars un fille» est aujourd’hui auteur de trois one-man shows. Le dernier en date intitulé «Un spectacle familial» sera présenté à Paris, à partir du 4 décembre, après avoir été rodé cet été, à Avignon.
NORMAN : LE YOUTUBEUR DE L’HUMOUR
En 2010, l’humour ne se cantonne plus à la scène. La décennie est incontestablement marquée par une nouvelle génération d’artistes révélés sur la toile. Figure de proue de cette tendance avec son compère Cyprien, Norman Thavaud lance, en 2011, ses pastilles web « Norman fait des vidéos » sur sa chaîne Youtube. Il y raconte son quotidien avec humour. Elles feront des millions de vues, lançant le phénomène Norman. Suivi par près de 12 millions d’abonnés, il figure parmi les personnalités préférées des jeunes et poursuit son ascension, dès 2015, cette fois sur scène avec un premier one-man, mais aussi au cinéma. Aujourd'hui trentenaire, Norman sera de retour sur scène, dès le 18 décembre à la Cigale, dans «Norman Le spectacle de la maturité».
Malik Bentalha : la vanne généreuse
Malik Bentalha a tapé dans l’œil de plus d’une star de l’humour avant de faire rire le public avec son sens de la vanne et sa bonhomie. Poulain de Jamel Debbouze, première partie de Gad Elmaleh, soutenu et conseillé par Alex Lutz, son premier one man «Malik Bentalha se la raconte» est un succès. Un spectacle dans la droite ligne du stand-up qui le conduira sur les plateaux de télévision ou encore à la radio, puis devant la caméra.
En 2016, il tient l’un des premiers rôles dans la comédie «Pattaya» de Franck Gastamby, qu’il retrouve deux ans plus tard dans «Taxi 5» avant de donner la réplique à Kad Merad («Le doudou») ou encore Gilles Lellouch («Jusqu’ici tout va bien»). Il n’oublie pas pour autant la scène, qu’il retrouve en 2018 avec «Encore», son deuxième one man.
AHMED SYLLA : LE JEU DANS LA PEAU
Depuis son deuxième one-man « Ahmed Sylla avec un grand A», l’humoriste découvert en 2011 dans «On ne demande qu’à en rire» marque les esprits. Son excellent sens du jeu - il se glisse aussi bien dans la peau d'un vieillard que dans celle de la gent féminine - et sa répartie lui permettent d’associer stand-up et jeu d’acteur, non sans rappeler un certain Alex Lutz, qui lui valent d’ailleurs de tenir le premier rôle d'une comédie efficace en 2017, avec «L’Ascension», et de faire des merveilles dans «Différent», son dernier spectacle présenté fin 2018.