Seule femme de la Nouvelle vague, mouvement du cinéma français né à la fin des années 1950, Agnès Varda, est décédée des suites d'un cancer dans la nuit de jeudi 28 à vendredi 29 mars, à l’âge de 90 ans. La cinéaste laisse derrière elle une oeuvre majeure.
L'ensemble de son œuvre cinématographique a été récompensé par un César d'honneur en 2001, le prix René-Clair de l'Académie française en 2002, une Palme d'honneur au Festival de Cannes 2015, un Oscar d'honneur en 2017, et plus récemment par la Caméra de la Berlinale en 2019.
Agnès Varda était ainsi la seule femme cinéaste à avoir reçu un Oscar d'honneur. Sa filmographie compte une douzaine de longs métrages et une vingtaine de documentaires.
La Pointe courte
Agnès Varda a fait ses débuts au cinéma avec un film de fiction. «La pointe courte», son long métrage tourné dans sa ville de Sète, avait été sélectionné pour le festival de Cannes 1955. Philippe Noiret et Silvia Monfort interprétaient les rôles principaux d’un couple sur le déclin, qui tente de se reconstruire dans son village d’enfance dans un quartier de pêcheurs. Un premier film plein de sincérité et de poésie.
Cléo de 5 à 7
Cléo de 5 à 7 est le deuxième long-métrage d'Agnès Varda après La Pointe courte. Sorti en 1962, ce film confirme sa volonté de faire un «cinéma-vérité». Il raconte la déambulation dans Paris d'une jeune chanteuse affolée par la peur du cancer qui attend des résultats médicaux et d'un soldat enrôlé malgré lui dans la guerre d'Algérie. Il s’agit d’un des films les plus acclamés de la Nouvelle Vague.
Sans toit ni loi
Une jeune fille est trouvée morte de froid. La caméra va s'attacher à Mona, raconter les dernières semaines de son errance, ses rencontres, sa survie, malgré la faim, la soif, et le froid. Sandrine Bonnaire a 18 ans lorsqu'elle accepte ce rôle de rebelle paumée. Elle apparaît sur l'écran sans aucune coquetterie. Le film obtient le Lion d'or au festival de Venise de 1985 et sera le plus grand succès commercial d'Agnès Varda qui le dédie à l'écrivaine Nathalie Sarraute, figure du nouveau roman.
Agnès Varda, cinéaste de la Nouvelle Vague, avait reçu un César d’honneur en 2001 et un Oscar d’honneur en 2017 https://t.co/K0rMDeRUrj pic.twitter.com/mboi3DM2JE
— CNEWS (@CNEWS) 29 mars 2019
Jacquot de Nantes
Le film retrace la jeunesse nantaise du réalisateur Jacques Demy, époux d'Agnès Varda. Sur fond de guerre et d'après-guerre, Jacquot, qui vit au-dessus du garage familial, rêve de cinéma. Il s'achète une minuscule caméra puis part étudier à Paris. Jacques Demy est mort peu de temps après la fin du tournage d'un film empreint de l'amour qu'Agnès Varda lui portait. Elle s'arrangea pour qu'en dépit de l'aggravation de sa maladie, il puisse être au plus près du tournage. Le film a été présenté hors-compétition au Festival de Cannes.
Les Glaneurs et la glaneuse
Avec une caméra numérique, la réalisatrice part à la rencontre de ces Français récupérateurs, travailleurs, qui se baissent et ramassent le rebut. Dans ce documentaire singulier, Agnès Varda rend un hommage aux pommes de terre délaissées, légume qu'elle collectionne et vénère, auxquels ces récupérateurs tentent de donner une fonction nouvelle. Un documentaire inédit sur la pauvreté et les inégalités sociales, mais non dénué d'humour.
L'une chante, l'autre pas
Féministe de la première heure, Agnès Varda éveille les consciences avec ce récit de deux amies dans la France des années 70 (Valérie Mairesse et Thérèse Liotard) qui qui lutte en faveur du droit des femmes à disposer de leur corps.
Les plages d'Agnès
Agnès Varda adorait les plages. En revenant sur celles qui ont marqué sa vie, elle invente une forme d'auto-documentaire. Elle se met en scène au milieu d'extraits de ses films, revient sur ses débuts de photographe de théâtre puis de cinéaste novatrice dans les années 50, sa vie avec Jacques Demy, son engagement féministe, ses voyages, son parcours de productrice indépendante, sa vie de famille. «Les plages d'Agnès» a reçu le César 2009 du Meilleur documentaire, quand elle était alors âgée de 80 ans.
Visages, Villages
Dans son dernier succès, «Visages, Villages», la cinéaste et l'artiste de street-art JR parcouraient la France à bord d'un camion-photomaton durant deux ans.
Ce documentaire plein de tendresse avait remporté l’œil d'or du meilleur documentaire au Festival de Cannes et une nomination à l'Oscar.