Palme d'or d'honneur en 2015 pour l'ensemble de sa carrière, Agnès Varda est présente à Cannes cette année hors compétition avec «Visages, Villages», un documentaire qu'elle coréalise avec l'artiste français JR.
En 2015, la réalisatrice française fait la connaissance du photographe JR. Ensemble, ils décident de partir sur les routes dans le camion de JR. Du nord au sud de l'Hexagone, ce voyage les conduit vers des hommes et des femmes. Mais aussi vers des lieux coups de coeur ou emblématiques de leur passé pour y coller leurs photographies grand format.
«Visages, Villages» est un documentaire humaniste qui émeut quand la caméra s'attarde sur le regard émerveillé de la dernière habitante d'un coron qui découvre son portrait sur la façade de son petit pavillon. Ou quand trois femmes de dockers posent fièrement pour être placardées sur un mur de containers dans le port du Havre.
Un accueil enthousiaste
A travers les tribulations enthousiasmantes de ces deux grands artistes au regard et à l'univers unique, c'est aussi l'histoire d'une amitié naissante à laquelle assiste le spectateur. Varda et JR commentent l'aventure en voix off. Fidèle à son esprit facétieux de synthèse, Varda s'autorise des calembours tandis que devant la caméra, JR et elle se taquinent gentiment à plusieurs reprises dans une espèce de running gag autour des lunettes de JR qu'il ne veut pas quitter.
Hommage à cette capacité des artistes de regarder autour d'eux et à sublimer un regard ou un instant, «Visages, Villages» montre aussi JR et Varda en pèlerinage sur la tombe d'Henri Cartier-Bresson, le photographe ultime cofondateur de l'agence Magnum.
Très applaudi par la presse, le film a su toucher les festivaliers par sa capacité à lier le travail cinématographique entrepris et l'histoire personnelle de Varda notamment avec Jean-Luc Godard, ami perdu de vue de la réalisatrice. Pionnière elle aussi de la Nouvelle Vague, la cinéaste continue, à 88 ans, d'observer le monde les yeux grands ouverts, tant que sa vue le lui permettra.