Ancien conseiller de l’Elysée et membre du Conseil d’État, Jean-Baptiste de Froment publie «État de nature», (éd. Aux forges de vulcain), un premier roman dans l’air du temps qui plonge le lecteur dans un monde qu’il connaît bien, les coulisses du pouvoir politique.
Dans une France imaginaire, dirigée par Simone Radjovic, une Présidente grabataire et inefficace, Claude, un haut fonctionnaire antipathique qui évolue dans l’ombre de cette dernière, a des envies de grandeur. Il décide alors de se lancer à la conquête du pouvoir pour succéder à celle qui surnomme «la vieille».
«Le sommet est très proche, nuança-t-il, sans quitter la position horizontale. Mais pour être parfaitement exact, il n’est pas encore atteint. Il y a encore, tout là-haut, cette vieille femme qui m’emmerde…»
Mais au moment même, le limogeage de Barbara Vauvert, une jeune préfète charismatique, séduisante et aimée des habitants de la Douvre - un petit département rural - , va réveiller une colère populaire enfouie depuis des siècles. Celle d'un peuple jusque-là invisible, oublié de la République, dont l'insurrection n'est pas sans rappeler l'actualité de ces derniers mois avec le mouvement des «gilets jaunes».
Un affrontement politique et médiatique
C’est le début d’un affrontement politique et médiatique entre ces deux protagonistes, qui incarnent chacun les deux côtés du pays : la France d’en haut et la France d’en bas, l’élite et le peuple, la capitale et la province.
«C’est quand même extraordinaire quand on y pense. On se décarcasse pour sortir les Douvriens de la bouse, on leur rend leur dignité, on leur offre sur un plateau un monceau de pognon et pour nous remercier, ils mettent le pays à feu et à sang. Leur merde, ils préfèrent y rester et si possible entrainer tout le monde avec eux…»
Rythmé par l’intervention d’une cocasse galerie de technocrates, dont les motivations sont purement égocentriques, «État de nature» brosse le portrait grinçant d'un système politique misogyne et archaïque, tout en questionnant avec un humour subtil, la véritable nature du pouvoir.
«L’essentiel, le voici : de toute éternité, il n’y a de pouvoir que s’il y a des gens pour obéir. Le pouvoir, ce n’est même que cela : le fait que les gens obéissent, fassent ce qu’on leur dit de faire. Retirez cette obéissance, cette soumission, et tout s’écroule comme un château de cartes.»
«Etat de nature», Jean-Baptiste de Froment, éd. Aux Forges de Vulcain.