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Mostra de Venise : avec «Les Frères Sisters», Jacques Audiard réussit sa conquête de l'Ouest

Le réalisateur français Jacques Audiard (D) et l'acteur américain John C. Reilly (G) arrivent pour la première de "Les Frères Sisters" ("Sisters Brothers") en compétition à la Mostra de Venise , le 2 septembre 2018 [Filippo MONTEFORTE / AFP] Le réalisateur français Jacques Audiard (D) et l'acteur américain John C. Reilly (G) arrivent pour la première de "Les Frères Sisters" ("Sisters Brothers") en compétition à la Mostra de Venise , le 2 septembre 2018 [Filippo MONTEFORTE / AFP]

Le réalisateur français Jacques Audiard a fait son entrée en compétition dimanche à la Mostra de Venise en revisitant le genre du western avec un film à la fois sombre et optimiste, où la violence est prétexte à réflexion sur la fraternité.

Premier film entièrement tourné en langue anglaise par Jacques Audiard, «Les Frères Sisters» ("Sisters Brothers") se déroule dans l'ouest américain en 1851 mais le cinéaste se défend d'avoir voulu faire un western dans la pure tradition hollywoodienne. «Je ne suis pas un connaisseur des westerns, j'aime les westerns dont j'ai été le contemporain, dans les années 1970, comme «Little Big Man» ou «Missouri Brakes», d'Arthur Penn (1970, 1976), a-t-il déclaré en conférence de presse.

«Dans le western, il y a une très grande présence du paysage, toute une mythologie qui n'est pas la mienne en tant qu'européen. Ce qui nous intéressait, en revanche, c'est de trouver quoi faire de la violence des pères fondateurs» , a-t-il ajouté après la projection destinée aux professionnels où le film a été acclamé.

«Les Frères Sisters» raconte l'histoire de Charlie (Joaquin Phoenix) et Eli Sisters (John C. Reilly), deux tueurs prompts à user de la gâchette aussi bien sur des criminels que des innocents. Charlie, le plus jeune, semble né pour tuer tandis qu'Eli est un sentimental qui rêve d'une vie normale. Leur chef, le Comodore, les engage pour trouver un homme et le tuer. Sur fond de ruée vers l'or, commence alors une poursuite impitoyable, entre Orégon (nord-ouest) et Californie (ouest). Mais il s'agit surtout d'un voyage initiatique qui mettra à l'épreuve le lien de fraternité qui unit les deux "Sisters".

«Période de crise»

«Certes il y a de la violence, mais il est surtout question d'amour et d'affection dans mon film, ou plus exactement de fraternité, qui est une forme d'amour», a confié Jacques Audiard.

Le réalisateur français Jacques Audiard arrive pour la première de son film "Les Frères Sisters" ("Sisters Brothers") en compétition à la Mostra de Venise, le 2 septembre 2018 [Filippo MONTEFORTE / AFP]
 
Le réalisateur français Jacques Audiard arrive pour la première de son film "Les Frères Sisters" ("Sisters Brothers") en compétition à la Mostra de Venise, le 2 septembre 2018

Le cinéaste a raconté la genèse du film en expliquant que c'est John C. Reilly et son épouse (la productrice Alison Dickey) qui lui ont proposé le sujet - tiré du roman de l'Américain Patrick deWitt - en 2012. John C. Reilly a expliqué que son personnage était «très proche» de son caractère. «Outre le fait de monter à cheval, le défi pour moi a été de me mettre au niveau de Joaquin Phoenix - absent à Venise - qui est un acteur instinctif, obsédé par la vérité et l'honnêteté dans le jeu». Il a fait le parallèle entre l'époque où se situe le film «à la période de crise» que traverse l'Amérique aujourd'hui.

«Nous sommes arrivés jusqu'ici par la brutalité, la violence, le génocide, le fort qui domine le faible», a-t-il expliqué à l'AFP.

«Mais ce plan n'est pas tenable pour le futur, c'est auto-destructeur», a-t-il dit.

L'acteur de 53 ans a aussi comparé le tournage (en Espagne et en Roumanie) de «Tour de Babel» avec des Espagnols, des Français, des Belges, Américains, des Italiens. En pleine polémique sur la faible présence féminine dans la sélection de la Mostra cette année (une cinéaste contre 21 réalisateurs), Jacques Audiard a tenu à reprendre la parole en fin de conférence de presse pour dénoncer l'absence de femmes à la tête des festivals de cinéma.

«Cela fait 25 ans que mes films sont dans les festivals, je n'ai pas vu de femmes à la tête des festivals», a-t-il lancé.

«On peut aussi parler de ce qui se passe dessous, les comités de sélection, les sélectionneurs, là c'est l'opacité en genre et en nombre, c'est ça qu'il faut changer», a-t-il dit.

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