Dans «Gueule d’ange», présenté dans la sélection Un certain regard au Festival de Cannes, l’actrice campe une mère alcoolique qui abandonne sa fillette. Une prestation magistrale dans un drame poignant.
Tout sourire, Marion Cotillard a reçu la presse dans la suite d'un prestigieux hôtel de la Croisette pour présenter le premier film de Vanessa Filho qui sortira le 23 mai au cinéma. La compagne de Guillaume Canet est revenue, non sans une certaine émotion, sur ce rôle qui lui tient particulièrement à cœur.
Vous êtes une habituée du Festival de Cannes. Après huit participations, ressent-on la même joie ?
Je suis toujours très heureuse de venir sur la Croisette et de pouvoir montrer des films à un public passionné.
Qu'avez-vous pensé en découvrant le scénario de «Gueule d'ange» ?
Ce drame faisait écho à une histoire que j’avais approchée de plus ou moins près, il y a quelques années. Des personnes de mon entourage connaissaient une femme qui avait fait le choix d’abandonner ses enfants. A cette époque, je m'étais beaucoup interrogée. Les jugements à l'encontre de cette mère étaient d’une extrême violence. Cela m’avait dérangée.
Comprenez-vous le geste de Marlène, cette mère fragile et perdue que vous interprétez ?
Même si cela est déchirant, je peux le comprendre. C’est surtout un geste que je ne peux pas juger. On touche au plus profond de l’intime, à un désastre intérieur que personne ne peut critiquer. Mon avis aurait certainement été différent avant d’avoir moi-même un fils et une fille (Marcel, bientôt 7 ans, et Louise, 1 an, ndlr).
Le rôle de maman est-il le plus difficile de votre carrière ?
Non, c'est formidable d’être mère. Même si l’arrivée d’un enfant est tellement bouleversant. Cela fait résonner en soi une part de sa propre enfance. Je n’aime pas utiliser le terme «bonne mère». Parvenir à apporter à son bébé tout ce qui est vital pour lui, est déjà une première réussite. Dans le film, Marlène fait ce qu’elle peut. Elle offre un toit à sa fille Elli, lui donne à manger, ainsi qu'une certaine forme d’amour. Certes, de manière maladroite. Elle est totalement déconnectée de sa petite malgré toute l’affection qu’elle ressent pour elle.
C'est merveilleux de donner sa voix à un metteur en scène.
Selon vous, est-on obligé d’aimer ses parents ?
En aucun cas, sinon aimer ne servirait à rien.
Votre personnage arbore une chevelure blonde, de nombreux tatouages et porte des robes plus courtes que celles des autres mamans de l’école. Qui a eu l’idée de cette transformation physique ?
Vanessa Filho avait une image très précise de qui était Marlène. Nous étions tellement sur la même longueur d’onde que je l’ai suivie en acceptant toutes ses propositions.
Sur un plateau, quel genre de réalisatrice est-elle ?
Elle dirige ses acteurs d’une manière innée. Elle est habitée par son sujet, ses comédiens et son amour de l’humain. Cette femme a un besoin vital d’utiliser l'art cinématographique pour s’exprimer.
Vanessa Filho affirme que vous ne posez aucune limite…
J’ai des limites, notamment concernant la nudité. Mais il est vrai que j’essaie de me rendre entièrement disponible pour que le réalisateur puisse exprimer ce qu’il veut de la manière la plus libre possible.
Etes-vous tentée par la réalisation ?
Je le suis, sans savoir si cela se produira un jour. C’est merveilleux d’interpréter un rôle, de donner sa voix à un metteur en scène et de voir briller une petite étincelle dans ses yeux. Dans les années à venir, je ressentirai peut-être ce besoin de livrer une histoire qui vient de mon imaginaire et d’avoir la liberté de la raconter exactement comme j’en ai envie.