Le compositeur Pierre Henry, l'un des pères de la «musique concrète», un inventeur de bruits et de sons éclectiques voire étranges dont la fameuse «Messe pour le temps présent», est décédé à l'âge de 89 ans.
Il est décédé cette nuit alors qu'il allait fêter ses 90 ans le 9 décembre, a annoncé Isabelle Warnier, son assistante et proche de la famille. Son oeuvre la plus célèbre, l'extrait «Psyche Rock» tiré de sa «Messe pour le temps présent», vous dit forcément quelque chose...
Sa plus féconde collaboration se nouera avec le chorégraphe Maurice Béjart, pour qui il a composé une quinzaine d'oeuvres, cette «Messe pour le temps présent», ballet créé en 1967 au Festival d'Avignon. «Psyché Rock» co-écrit avec Michel Colombier a connu un réel succès commercial, jusqu'à être repris par la publicité et l'industrie du cinéma. Il a même été remixé par les musiciens électro Fatboy Slim, Saint Germain et Dimitri from Paris.
Le grand-père de la techno
Parfois considéré comme le grand-père de la techno, Pierre Henry préférait se définir, sans modestie, comme le «père de la musique moderne». Son nom reste attaché à la musique concrète, des bruits ou sons enregistrés, fondée par Pierre Schaeffer (1910-1995), à laquelle se rattachent la plupart de ses oeuvres (plus d'une centaine), toutes numérisées et conservées par la Bibliothèque nationale de France, une première pour un compositeur.
Né le 9 décembre 1927 à Paris, il entre à 9 ans au Conservatoire, où il étudie jusqu'en 1947, notamment auprès d'Olivier Messiaen. Deux ans plus tard, il rencontra l'ingénieur Pierre Schaeffer. Ensemble, ils fondèrent en 1950, à la Radio-télévision française, le Groupe de recherche de musique concrète (GRMC). Il écrit avec lui la «Symphonie pour un homme seul» (1950), qui utilise la technique du «piano préparé»: divers objets sont insérés entre les cordes et la caisse de l'instrument.
Sa musique se voulait «métaphysique et humaine». Peuplée de bruits divers, d'objets du quotidien et de stridulations méconnaissables, elle était une matière sonore propice à l'imagination, du «cinéma en chambre» ou de la «peinture», comme il la décrivait lui-même. Il avait inspiré de nombreux chorégraphes, comme George Balanchine, Merce Cunningham ou Maguy Marin.