Roch Voisine vient de sortir son 22e album studio, «Devant nous», et s'apprête à remonter sur scène. Entretien avec l'artiste québécois qui, grâce à «Hélène», a marqué toute une génération.
A 54 ans, le chanteur livre des mélodies pop, à l'instar du single «Tout me ramène à toi», signé Patxi Garat. S'il reste passionné et viscéralement attaché à la musique, Roch Voisine constate, avec une certaine pointe de nostalgie, que l'écoute de la musique n'est plus la même qu'à ses débuts. Face à cette société de consommation, il tente de rester le même et de proposer à son public une musique qui lui ressemble.
Avec «Devant nous», vous revenez à vos premières amours. Pourquoi avoir choisi d’enregistrer un album résolument pop ?
Après avoir fait plusieurs projets spéciaux, je me suis demandé ce que je pouvais proposer de nouveau. La pop est ce que l’on écoute le plus aujourd’hui. Si tu veux passer en radio, il faut jouer des titres pop. Les gens ont changé leur façon de consommer de la musique. Ils ne s’installent plus dans leur salon, devant leur chaîne-hifi. Ils l’écoutent en vivant et en bougeant, soit dans leur voiture, soit dans le métro avec leur smartphone.
Aujourd’hui, quelles sont vos influences musicales ?
Des groupes comme Coldplay, One Republic ou Train.
Vous avez enregistré ce disque chez vous, dans votre cave...
En studio, on enregistre en quinze jours à un rythme effréné. On monte un groupe et on essaie de créer une ambiance familiale de manière artificielle. Le fait d'enregistrer chez soi est beaucoup plus simple. Nous avions toute la liberté de peaufiner chaque titre, de travailler piste après piste. Nous pouvions nous concentrer sans penser au temps, ni à l'argent.
Et puis, cela permet de joindre l'utile à l'agréable. Je pouvais prendre le petit-déjeuner avec mes enfants, les accompagner à l'école et travailler ensuite avec les copains. Le soir, je faisais écouter les titres à ma famille et nous dînions tous ensemble autour de la table, avant de repartir enregistrer jusqu'à minuit. Cela a duré trois mois.
Parmi les thèmes que vous abordez, il y a la tolérance, les religions mais également le temps qui passe. Avez-vous peur de vieillir ?
Peur ? Je ne sais pas… En vieillissant, on acquiert une certaine sérénité au fil de nos expériences. C’est un point positif. Mais le corps, lui, se fragilise. Beaucoup me disent que je ne prends pas une ride et que je reste le même, physiquement. Mais ils n’ont pas vu l’état de mes genoux ou de mon dos ! (rires)
En avez-vous assez que l’on vous parle du tube «Hélène» ?
Cela ne me dérange pas, mais j’aimerais que l’on parle aussi de mes autres chansons. «Hélène» reste un classique qui a marqué toute une génération et que je joue chaque fois en concert. Mais «elle» a fait de l’ombre à toute le reste pendant trente ans.
Après 22 albums studio et trente ans de carrière, ressent-on la même pression qu’à ses débuts ?
La pression est encore plus grande. Il y a beaucoup de concurrence et peu de place pour tous les artistes. A une époque, le meilleur moyen de faire connaître ses morceaux au grand public était de passer à la télévision. Mais ce média ne diffuse plus de musique. C’est révolu. Nous évoluons dans un marché où l’offre est considérable. Nous avons perdu le lien privilégié avec notre public, à moins de passer par les formats établis. En cela, c’est compliqué.
Mais je m’amuse toujours autant, tout en faisant des compromis entre ce que j’aime et ce que souhaite le public. Je reste curieux et adore travailler avec d’autres artistes.
Hélène a fait de l'ombre à tout le reste pendant trente ansRoch Voisine
Prévoyez-vous une tournée en France ?
Nous allons programmer quelques concerts à la fin de l’automne 2017 et de nouvelles dates à l’hiver 2018.
Peut-on imaginer un retour des «Forever Gentlemen» avec Garou et Corneille ?
La maison de disque décidera de la sortie ou non d’un nouveau disque. Pour la scène, nous venons de finir, cet hiver, une tournée de 200 dates au Canada. Je ne pense pas que nous reprendrons. En revanche, j’aimerais beaucoup décliner le concept à la télévision.