Donald Trump à l'ONU, acte III: le président américain retrouve mardi la célèbre tribune mondiale pour exposer sa stratégie sur l'Iran qui suscite des interrogations dans un climat de vives tensions.
Depuis les attaques du 14 septembre contre deux installations pétrolières saoudiennes, attribuées par les Occidentaux à la République islamique, Donald Trump se montre tour-à-tour menaçant et apôtre de la "retenue".
"Beaucoup de choses se passent concernant l'Iran, beaucoup plus que ce que les journalistes en savent", a-t-il lancé lundi, énigmatique, alimentant les spéculations sur une possible initiative.
Le président américain, qui prendra la parole à l'Assemblée générale des Nations unies juste après l'un de ses admirateurs déclarés, le Brésilien Jair Bolsonaro, aura probablement aussi à coeur de parler à sa base électorale, à quelque 400 jours du prochain scrutin présidentiel.
Le milliardaire républicain a promis de parler des "énormes succès" des Etats-Unis et de la santé "fantastique" de l'économie américaine.
- Procédure de destitution -
Une ombre planera sur son discours: la menace d'une procédure de destitution agitée par l'opposition démocrate après les révélations sur les pressions qu'il aurait exercées sur l'Ukraine pour nuire à son potentiel rival démocrate Joe Biden.
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Le président français Emmanuel Macron, en première ligne sur le dossier iranien, montera lui à la tribune de l'ONU en début d'après-midi. Arrivera-t-il à concrétiser une rencontre entre Donald Trump et son homologue iranien Hassan Rohani, lui qui se démène depuis le sommet du G7 fin août à Biarritz, en France?
"Nous n'avons rien de prévu à ce stade", a assuré lundi soir le président américain, mais il a aussitôt entretenu le suspense en lâchant: "je n'exclus jamais rien".
Emmanuel Macron, qui doit revoir Donald Trump mardi après avoir rencontré Hassan Rohani lundi, n'a pas dit son dernier mot.
"Une nouvelle fois, nous allons voir Macron le médiateur, Macron le champion du multilatéralisme", prédit Heather Conley, du Center for Strategic and International Studies.
Vieux routier de cette grand-messe diplomatique annuelle, le président iranien s'exprimera lui mercredi.
Face aux représentants des 193 Etats membres des Nations unies, Donald Trump, en quête d'appuis sur l'Iran, pourrait mettre en sourdine ses attaques contre le multilatéralisme.
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Lundi, il a reçu les encouragements de son "ami" Boris Johnson. "Je crois qu'il y a un type qui peut arriver à un meilleur accord... et c'est le président des Etats-Unis. Faisons un accord Trump", a lancé le Premier ministre britannique, qui fera lui ses débuts à la tribune de l'ONU en fin de journée.
Depuis que Donald Trump est sorti en 2018 de l'accord international visant à empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne insistent sur la nécessité de sauver le texte existant.
L'an dernier, son discours à la tribune avait - fait rare dans cette enceinte - déclenché les rires lorsqu'il avait affirmé avoir accompli plus de choses que n'importe lequel de ses prédécesseurs.
- Rêves de Nobel -
En 2017, pour sa première apparition, Donald Trump avait promis de "détruire totalement" la Corée du Nord, affirmant que Kim Jong-Un était embarqué dans "une mission-suicide".
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Il a depuis engagé un dialogue avec le jeune dirigeant nord-coréen qui tarde cependant à porter ses fruits. Après les sommets de Singapour et Hanoï et une poignée de main chargée en symboles sur la Zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule coréenne, aucun calendrier de négociation n'a été annoncé.
Autre dossier sur lequel il est attendu: le Venezuela. Depuis que les Etats-Unis, suivis par une cinquantaine de pays, ont reconnu en début d'année l'opposant Juan Guaido comme président par intérim, la situation a peu évolué.
"Les Etats-Unis veulent s'assurer que la question de la transition politique au Venezuela reste une priorité de la communauté internationale", souligne un haut responsable américain.
Si Donald Trump court toujours après une percée diplomatique de taille qui viendrait valider sa "méthode", il n'a rien perdu de son style volontiers provocateur auquel ses interlocuteurs sur la scène internationale se sont peu à peu habitués depuis son arrivée au pouvoir début 2017.
"Je pourrais obtenir le prix Nobel de la paix pour beaucoup de choses s'ils l'attribuaient de manière honnête, mais ce n'est pas le cas", a-t-il affirmé lundi.