L'école de samba Mangueira a remporté mercredi le vingtième titre de son histoire au carnaval de Rio de Janeiro, grâce à un défilé contestataire qui a rendu hommage à l'élue noire Marielle Franco, assassinée il y a un an.
Dans un verdict attendu fiévreusement par toute la ville, les jurés ont récompensé l'école aux couleurs rose et verte, qui a également affiché sur un char allégorique une bannière dénonçant la "dictature assassine" louée par le président d'extrême droite Jair Bolsonaro.
L'annonce de la victoire de Mangueira parmi 14 formations a été accueillie par une explosion de joie au siège de cette école de samba, situé dans la favela du même non, à proximité du stade Maracana.
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Dans un défilé grandiose dans la nuit de lundi à mardi, l'école avait rendu hommage aux héros populaires noirs et indiens ignorés des manuels scolaires et livré sa version des événements historiques du Brésil tels que la découverte du pays, son indépendance ou l'abolition de l'esclavage.
L'école a même revu et corrigé le drapeau du Brésil, avec le rose et vert au lieu du jaune, bleu et vert habituels, et la devise "Aux Indiens, aux noirs et aux pauvres au lieu de "Ordre et Progrès".
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La dernière victoire de cette vénérable école fondée en 1928 remontait à 2016, avec un défilé sur la chanteuse populaire Maria Bethania.
Cette année, un des points forts du défilé époustouflant de Mangueira a été l'hommage appuyé à Marielle Franco, conseillère municipale noire de Rio criblée de balles le 14 mars 2018, tout près du sambodrome où a eu lieu le carnaval.
L'assassinat, toujours non élucidé, de cette militante acharnée des droits des minorités née dans une favela et lesbienne, avait créé une immense émotion, au Brésil et à l'étranger.
A l'annonce des notes au sambodrome, une enceinte de 72.000 places, des supporters de Mangueira ont déployé un immense drapeau à l'effigie de Marielle Franco, avec pour message "notre arme, c'est l'éducation".
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Le premier carnaval depuis l'élection de Jair Bolsonaro a été marqué par d'autres défilés contestataires, prônant notamment plus de tolérance envers les minorités, dans un pays dont le chef de l'Etat est coutumier des dérapages racistes, machistes et homophobes.
Dans quelques semaines, les écoles commenceront à préparer le carnaval 2020. Mais le maire évangélique de Rio Marcelo Crivella, qui a coupé de moitié les subventions allouées aux écoles de samba, a laissé planer la menace mardi de leur suppression pure et simple.