Décidé à en découdre avec la Chine, prêt à bouder la Russie, Donald Trump arrive jeudi à Buenos Aires pour un sommet du G20 auquel il risque fort d'imposer son rythme.
Verra-t-il Vladimir Poutine? Que dira-t-il à Xi Jinping? Parlera-t-il à Mohammed ben Salmane?
Les entretiens bilatéraux de l'impulsif président américain, qui dédaigne les discussions multilatérales, scanderont la rencontre vendredi et samedi des chefs d'Etat et de gouvernement des vingt premières puissances mondiales, pesant 85% du PIB de la planète, dans la capitale argentine.
Donald Trump doit arriver jeudi en soirée à Buenos Aires, où plus de 20.000 membres des forces de l'ordre sont déployés, dans un pays rongé par la crise économique, et alors que des manifestations anti-G20 sont prévues.
Le président américain suivra de peu à Buenos Aires son homologue chinois Xi Jinping, avec lequel il a prévu de s'entretenir pour tenter d'enrayer l'escalade de représailles douanières entre les deux pays, qui menace la croissance mondiale.
L'entretien s'annonce tendu. L'administration américaine a en effet considéré mercredi que la Chine, qui affiche un gigantesque excédent dans ses échanges avec les Etats-Unis, n'avait pour l'heure pas fait de "propositions destinées à réformer significativement" ses pratiques commerciales, jugées déloyales par Washington.
L'incertitude demeure en revanche sur une rencontre bilatérale entre Donald Trump et Vladimir Poutine, dont l'arrivée est prévue vendredi.
- "Peut-être" -
"Peut-être que je ne ferai pas cette entrevue", a dit Donald Trump au Washington Post, alors que les critiques pleuvent sur Moscou depuis l'opération militaire russe contre des navires ukrainiens en mer d'Azov.
Autre inconnue: le président américain aura-t-il une "interaction" avec Mohammed ben Salmane, ce que la Maison Blanche n'exclut pas?
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Le président américain est l'un des plus solides appuis du prince héritier saoudien qui, selon lui, rend bien des services à l'économie américaine en laissant fléchir le cours de l'or noir.
Mais ce soutien ne fait pas l'unanimité aux Etats-Unis, depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, et alors que la guerre fait toujours rage au Yémen.
Les autres protagonistes du sommet, le dixième du genre, essaieront de ne pas jouer les seconds rôles.
Les Européens en particulier, bien qu'ébranlés par le Brexit et la montée du populisme, tâcheront de défendre le credo du multilatéralisme qui avait conduit les leaders du G20 à se réunir pour la première fois il y a dix ans, en pleine tempête financière.
"La France, l'Union européenne considèrent que la façon de répondre à ces situations (de désaccords commerciaux) est à la fois une discussion multilatérale et, deuxièmement, une modification des règles de l'Organisation mondiale du commerce et (non) pas une approche bilatérale faite de pressions sur les différents acteurs", fait-on par exemple savoir au ministère français des Finances.
- Mise en garde du FMI -
Et ce alors que Donald Trump menace ouvertement ses partenaires commerciaux, dont l'Union européenne, de taxes sur l'industrie automobile, maillon crucial du commerce international.
Dans une note publiée en amont du sommet du G20, le FMI estime qu'à court terme, le PIB mondial pourrait être réduit de 0,75% en raison de l'accroissement des tensions commerciales.
Pour les plus optimistes, la signature officielle vendredi d'un nouvel accord commercial entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique montre que l'administration américaine peut renoncer à sa rhétorique martiale.
Reste à savoir si les mêmes Américains sont prêts à signer un autre document à Buenos Aires: le fameux "communiqué final", cette déclaration de bonnes intentions qui conclut traditionnellement les grandes rencontres internationales.
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De source française, on reconnaît que les discussions sont difficiles, en particulier sur le sujet de la lutte contre le changement climatique.
Nombre de participants gardent un souvenir cuisant du sommet du G7 au Canada, en juin dernier. Donald Trump avait dénoncé à la dernière minute un communiqué final péniblement négocié.
"Il y a une profonde division au G20 entre les régimes démocratiques et ceux à tendance autoritaire", commente Thomas Wright, expert au Brookings Institute. "Cela a toujours été le cas (...)" mais "je pense que désormais cela apparaît vraiment en pleine lumière".