Les "gilets jaunes" entamaient mercredi une cinquième journée de mobilisation, continuant à défier le gouvernement qui affiche "dialogue" mais aussi "constance et détermination" tout en déplorant une "radicalisation" du mouvement.
Lors de la quatrième journée de ce mouvement, mardi, des actions ont ciblé autoroutes et dépôts pétroliers.
Une vingtaine de sites "stratégiques" ont été débloqués dans la journée par les forces de l'ordre, a indiqué le ministère de l'Intérieur.
Deux décès ont été enregistré en marge des manifestations qui ont débuté pour protester contre la hausse des prix du carburant.
Samedi, une manifestante de 63 ans a été mortellement blessée par une automobiliste en Savoie. Un motard de 37 ans, percuté la veille par une camionnette qui tentait d'éviter un barrage dans la Drôme, est décédé mardi.
"C'est dans le dialogue qu'on peut en sortir", a déclaré mardi le chef de l’État Emmanuel Macron, dans sa première réaction depuis le début du mouvement à Bruxelles alors qu'Annick Girardin, ministre des Outre-mer, a dénoncé une "situation intolérable" après des violences sur l'île de La Réunion.
De son côté le Premier ministre Edouard Philippe répétait "la constance et la détermination" du gouvernement.
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a déclaré mardi qu'il y avait "dérive totale" des manifestations, pointant une "radicalisation" et "un très, très grand nombre de blessés" estimé à 530 dont 17 gravement atteints.
- "Acte 2" -
Après les opérations de blocages lancées samedi, plusieurs figures du mouvement des "gilets jaunes", lancé sur les réseaux sociaux hors de tout cadre politique ou syndical contre la hausse des prix des carburants et des taxes en général, ont appelé à un "Acte 2" avec une manifestation nationale à la Concorde samedi.
Plus de 29.000 personnes se sont déclarées comme "participants" à cet événement créé sur Facebook, et 195.000 s'y sont dits "intéressées".
Le secrétaire d’État auprès du ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, a d'ores et déjà prévenu que la manifestation ne sera pas interdite, mais qu'elle ne pourra pas se tenir sur la place de la Concorde pour des raisons de sécurité.
"Pour l'instant, nous n'avons pas d'interlocuteurs. Il y a un certain nombre de personnes qui appellent à manifester sur les réseaux sociaux et qui donc sont tout à fait aptes" à déclarer la manifestation, a-t-il ajouté.
Les autorités n'ont donné aucun chiffre sur le nombre de participants mardi, mais une source policière évoquait encore quelque 10.500 manifestants à travers la France en début de matinée. Ils étaient 27.000 lundi, 290.000 samedi.
Le mouvement a reçu le soutien de la fédération FO des transports et de la logistique, troisième organisation du secteur, qui a invité ses adhérents et sympathisants à se joindre aux "gilets jaunes" pour obtenir une "augmentation du pouvoir d'achat".
Les actions ont parfois donné lieu à des violences et des dégradations.
Face à la flambée des violences à la Réunion, les autorités ont mis en place un couvre-feu la nuit dans la moitié des communes de l'île.
En métropole, six personnes ont été arrêtées pour des jets de projectiles sur les forces de l'ordre à Langueux (Côtes-d'Armor). Au péage de Virsac (Gironde) sur l'A10, des manifestants "ont saccagé et mis le feu aux installations", selon Vinci Autoroutes qui a annoncé porter plainte.
Ce mouvement sans leader connu est soutenu par près des trois quarts des Français, selon plusieurs sondages. D'abord concentrés sur la hausse du prix des carburants, les motifs de griefs se sont ensuite élargis à une dénonciation plus globale de la taxation et de la baisse du pouvoir d'achat.