Le jihadiste Ayoub El Khazzani a déclaré mercredi, lors de son audition devant le juge d'instruction, qu'il «comptait s'en prendre à des Américains» lorsqu'il a attaqué un train Thalys le 21 août 2015.
Son avocate, Me Sarah Mauger-Poliak, avait affirmé mercredi que le jihadiste avait «une cible précise, déterminée». «Ce n'est pas un hasard s'il est monté en première classe», a-t-elle ajouté sans en dire plus. D'après elle, il a reconnu être monté dans le train pour commettre une attaque «en tant que jihadiste» tout en réfutant avoir voulu «faire un massacre de masse et tuer n'importe qui» dans ce Thalys Amsterdam-Paris.
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Il s'agit d'une nouvelle ligne de défense pour le suspect, qui jusque-là avait d'abord présenté une version rocambolesque avant de se murer dans le silence au cours des mois écoulés. Dans ses premières déclarations en garde à vue, il avait affirmé qu'il voulait commettre un braquage dans le Thalys, avec des armes trouvées dans un parc de Bruxelles où il dormait avec des SDF.
Le 21 août 2015, l'assaillant muni d'une kalachnikov et de neuf chargeurs pleins avait ouvert le feu dans un Thalys Amsterdam-Paris, peu après son entrée en France, dans le Pas-de-Calais. Il avait blessé grièvement une personne, avant l'intervention de militaires américains en vacances qui l'avaient maîtrisé, mettant ainsi en échec un potentiel carnage, sept mois après les attentats contre l'Hyper cacher, à Montrouge et contre Charlie Hebdo. Lors de son récit au juge, Ayoub El Khazzani «a retracé dans les grandes lignes son parcours de la Syrie, Turquie jusqu'en Europe. Avec (Abdelhamid) Abaaoud», l'un des commanditaires des attentats de Paris du 13 novembre, d'après son avocate.
Selon une note des renseignements hongrois, El Khazzani et Abaaoud se sont rendus en Hongrie le 1er août avant de prendre la direction de l'Autriche. Au cours de leur périple en Europe, ils ont suivi les indications livrées par Bilal C., chargé de partir en reconnaissance sur la route des Balkans pour faciliter l'infiltration de jihadistes de retour de Syrie. Vis-à-vis de son acte, El Khazzani «a une position très compliquée et encore assez ambivalente», estime son avocate. Le juge doit l'entendre à nouveau le 20 décembre.