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Mise en examen de Benoit Jacquot : les réactions de Judith Godrèche et Isild Le Besco

Judith Godrèche, qui avait porté plainte contre le cinéaste pour des faits tombés sous le coup de la prescription, a salué «le courage de ses soeurs qui ont eu la force de parler». [REUTERS/Stephanie Lecocq]

Le cinéaste Benoît Jacquot, 77 ans, a ce mercredi 3 juillet été mis en examen pour viols sur les actrices Julia Roy en 2013 et Isild le Besco entre 1998 et 2000, et placé sous contrôle judiciaire. Judith Godrèche, qui avait elle aussi déposé plainte contre le réalisateur, a fait savoir qu'elle se sentait «entendue» à travers cette décision.

Mis en examen ce mercredi, le réalisateur Benoît Jacquot est soupçonné de viol conjugal sur Julia Roy en 2013, et de viol sur mineure par personne ayant autorité sur Isild Le Besco, entre le 1er novembre 1998 et le 21 novembre 2000, a indiqué le parquet de Paris, sollicité par l'AFP.

La juge d'instruction l'a toutefois placé sous le statut plus favorable de témoin assisté pour viols conjugaux sur Isild Le Besco en 2007, et sur Julia Roy entre 2014 et 2018.

Benoît Jacquot a aussi été placé sous un contrôle judiciaire lourd, qui lui fait notamment obligation de ne «pas exercer la profession de réalisateur, y compris les apparitions publiques en lien avec les activités ayant permis la commission des infractions pour lesquelles il est mis en examen».

Il a aussi pour obligation de «ne pas entrer en contact avec les témoins et victimes», de «ne pas exercer d’activité en lien avec les mineurs», ou encore de «fournir un cautionnement de 25.000 euros», a détaillé le parquet.

«Une forme de soulagement»

Sa mise en examen constitue «une étape très importante de la procédure judiciaire pour Julia Roy», âgée de quarante-deux ans de moins que Benoît Jacquot, et qui a joué dans quatre des ses films de 2016 à 2021, dont l'état de stress post-traumatique est profond et persistant», a commenté son avocate, Margot Pugliese.

«Il faut se féliciter que la justice ait pris l'exacte mesure des faits criminels» dénoncés, a abondé le conseil d'Isild Le Besco, Benjamin Chouai. «J’ai ressenti une forme de soulagement en constatant que la justice s’intéresse au sujet douloureux des maltraitances et s’en empare», a déclaré Idild Le Besco, 41 ans, dans un entretien publié mercredi dans Elle. «Benoît a cette volonté de pouvoir absolu, de contrôle», a commenté l'actrice, qui a tourné six films avec Benoît Jacquot. Elle l'avait rencontré quand elle avait 16 ans et l'accuse de violences sexuelles, psychologiques et physiques. «Mais je ne me fais pas vraiment d’illusions, et je ne peux pas m’empêcher de penser à toutes les femmes qui, au moment même où je vous parle, se font maltraiter, violenter, violer. Voire tuer. Une tous les trois jours. Et pour les mêmes raisons : des hommes veulent que nous soyons leur objet», a ajouté l'actrice. 

L'enquête préliminaire avait été déclenchée après la plainte déposée par une autre actrice, Judith Godrèche. Mais les faits que cette dernière avait dénoncés ne figurent pas dans le périmètre des investigations lancées dans le cadre de l'information judiciaire ouverte, pour cause de prescription. 

«Rien ne s’efface. Rien n’est réparé.»

Âgée de 52 ans, Judith Godrèche a accusé publiquement début février Benoît Jacquot de viols, puis Jacques Doillon d'agression sexuelle. Après plusieurs prises de parole bouleversantes, dont une lors de la cérémonie des César qui a donné un nouveau souffle au mouvement #MeToo au cinéma, l'actrice est devenue une figure majeure de la lutte contre toutes les violences sexuelles.

«J’apprends que B. Jacquot va être présenté devant un juge pour répondre des plaintes d’Isild Le Besco et Julia Roy. Ces plaintes sont non prescrites. La période que j’ai dénoncée est prescrite. Mais je me sens entendue à travers cette décision», a-t-elle écrit ce mercredi sur Instagram. «Rien ne s’efface. Rien n’est réparé. Que la loi s’empare de celui qui faisait sa loi sur nous. Je pense à mes soeurs, à leur courage, Idild, Julia et toutes celles qui ont eu la force de parler», a-t-elle ajouté. 

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«Les victimes retiennent leur souffle» 

«J’apprends également que le Parquet n’a pas encore pris de décision concernant Jacques Doillon. Toutes ses victimes et moi même retenons notre souffle. Notre espoir persiste», a également écrit ce mercredi Judith Godrèche, alors que la garde à vue du réalisateur Jacques Doillon a été levée mardi soir «pour des raisons médicales», selon le parquet de Paris, qui réfléchit encore aux «modalités des suites à donner» le concernant.

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Devant les policiers, Jacques Doillon a notamment été confronté à Joe Rohanne, qui a déposé plainte pour trois viols, coups et blessures et violences psychologiques, a confirmé à l'AFP son avocate, Me Laure Heinich.

Le Monde a révélé sa plainte mercredi soir, ainsi que celles de deux femmes accusant Jacques Doillon de viol pour l'une, de tentative de viol pour l'autre. Judith Godrèche a notamment accusé le cinéaste de lui «avoir mis les doigts dans la culotte» pendant des essais pour un film sorti en 1989. Elle avait alors 15 ans.

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