En 1998, «Titanic» réalisait un raz-de-marée aux Oscars en repartant avec 11 statuettes, dont celle de la meilleure musique originale avec la chanson «My Heart Will Go On» interprétée par Céline Dion. Un tube interplanétaire dont personne ne voulait initialement.
Une incroyable destinée. Récompensée par l’Oscar de la meilleure musique originale en 1998 – où le film «Titanic» égalera le record historique de «Ben-Hur» avec 11 récompenses au total – la chanson «My Heart Will Go On» de Céline Dion a bien failli ne jamais voir le jour. James Cameron, le réalisateur, avait catégoriquement refusé l’idée d’insérer une musique populaire dans ce long métrage historique, centré sur un drame terrible qui aurait coûté la vie à près de 1.500 personnes. Mieux encore, Céline Dion elle-même ne voulait pas enregistrer le morceau. Comment a-t-il finalement vu le jour ? L’histoire est absolument fascinante.
La volonté d’un homme
Si «My Heart Will Go On» est aujourd’hui indissociable du film de James Cameron, et continue de tourner en boucle sur les ondes des stations de radio à travers le monde, cette chanson composée par James Horner – qui était en charge de la bande originale de «Titanic» – ne faisait pas partie des plans du réalisateur. Le compositeur a profité d’un déplacement de Céline Dion à Las Vegas pour lui rendre visite dans le plus grand secret, afin de lui faire écouter la version instrumentale. Une rencontre racontée par la chanteuse elle-même lors d’une récente interview accordée à Vogue.
«Il y a une histoire colossale à propos de ce film, parce que James Cameron, le réalisateur, ne voulait aucune chanson. Il disait : ‘Mon film est assez bien comme ça, je n’en ai pas besoin’», explique-t-elle, avant d’aborder la visite secrète de James Horner à Las Vegas. «Il a commencé à nous passer la chanson, et mon mari me regarde, puis le regarde, et il dit : ‘James, nous devrions arrêter ça immédiatement», lance-t-elle. Dans la foulée, Céline Dion a signalé qu’elle ne souhaitait pas interpréter ce morceau, sachant que James Cameron n’en voulait pas.
Selon elle, James Horner ne s’est toutefois pas laissé décourager, et son époux – et manager – René Angélil, a finalement réussi à la convaincre en faisant une simple proposition au compositeur. «Allons à Los Angeles. Nous y ferons une petite maquette, une petite démo, afin qu’elle puisse poser sa voix dessus», aurait ainsi rétorqué son mari.
Une seule prise
C’est ainsi que Céline Dion s’est finalement retrouvée dans un studio de Los Angeles pour y interpréter le morceau. «Quand je suis arrivée en studio, j’ai écouté le morceau, je me suis plongée dans le personnage, et j’ai essayé de me dire que c’est ce qu’il fallait faire», explique-t-elle. «Je commence à chanter la chanson, il me raconte l’histoire du film, et j’ai déjà les larmes aux yeux. Mais c’est une démo, donc j’ai juste posé ma voix, en une prise, rapidement, juste pour qu’ils puissent faire la présentation au réalisateur et le convaincre de la mettre à la fin du film. Je ne l’ai jamais chanté à nouveau après cela», assure Céline Dion, confirmant ainsi que le plus grand succès de sa carrière est une chanson enregistrée à la va-vite, en une seule prise.
En 2017, la chanteuse avait précisé au site Billboard que son refus d’interpréter le morceau à l’époque s’expliquait également par le fait qu’elle venait de connaître deux succès majeurs dans les charts, «Because you loved me» et «Beauty and the Beast», et qu’elle ne pouvait pas imaginer une seconde que la chance allait lui sourire à nouveau. Aussi, une fois le morceau enregistré, il restait un obstacle de taille à franchir : convaincre James Cameron de retenir une chanson qu’il refusait catégoriquement de mettre en conclusion de son film depuis le départ.
La cassette du destin
Dans ce même article publié sur le site de Billboard, Randy Gerston, en charge de la supervision musicale sur «Titanic», est revenu sur ses échanges avec le réalisateur à ce sujet. «Nous venions de signer un contrat pour la bande originale avec Sony – juste pour les compositions de James Horner – et je pense que le label s’était dit qu’il y aurait également une chanson de fin. James Cameron refusait de conclure son film avec une chanson pop», s’est-il souvenu, précisant que le réalisateur lui avait demandé s’il imaginait un seul instant entendre un tel morceau à la fin d’un film comme «La liste de Schindler».
C’est alors que Simon Franglen, le co-producteur de «My Heart Will Go On», a eu l’idée de mettre la chanson sur une cassette audio avant de la transmettre à James Horner. Ce dernier avait la mission de trouver le moment idéal pour la faire écouter au réalisateur. «James Horner a trimballé cette cassette pendant des semaines, attendant le moment opportun pour la faire écouter à James Cameron. Il voulait attendre le jour où il serait de bonne humeur», se souvient-il.
«James Cameron ne voulait pas de chanson dans son film. ‘Mon film est assez grand comme ça, je n’ai pas besoin d’un truc plus grand, je n’ai pas besoin de chanteur’. Et je ne lui en veux pas. Mais Horner lui a dit : ‘Je ne vais pas te dire qui chante la chanson. Fais-moi juste une faveur, et écoute le morceau une fois’», raconte Céline Dion. James Horner, tragiquement décédé en 2015 aux commandes d’un de ses avions, aura finalement eu gain de cause auprès de tous ceux qui doutaient de son intuition. Et restera pour toujours le compositeur d’un des plus grands tubes venu du cinéma.