À la tête d'un des opéras les plus prestigieux, Dominique Meyer doit quitter son poste en 2025. En cause, un décret pris par le gouvernement italien limitant l'âge des dirigeants des institutions lyriques et symphoniques. Mais l'Orchestre de la Scala s'y oppose.
C'est une affaire qui fait beaucoup de bruit dans le monde feutré de la musique classique. Le Français Dominique Meyer, ancien directeur du Théâtre des Champs-Élysées à Paris et de l'Opéra d'État de Vienne (Autriche), est depuis quatre ans à la tête de la prestigieuse Scala de Milan. Son mandat s'achève en 2025 et il devait, normalement, postuler à sa propre succession.
Sauf qu'en mai dernier, le gouvernement dirigé par Georgia Meloni a adopté un décret fixant à 70 ans l'âge maximal pour les directeurs de théâtre lyrique. Une mesure qui s'applique directement à Dominique Meyer qui atteindra cet âge à la fin de son mandat. Et ce n'est pas un hasard. Après trois directeurs étrangers, le ministère de la Culture voulait voir arriver un Italien à la tête de la Scala.
Mais l'Orchestre de l'Opéra milanais, dirigé par Riccardo Chailly, vient de demander la prolongation du contrat de son directeur. Dominique Meyer doit pouvoir «terminer son mandat dans toute l'étendue de ses fonctions» et gérer «la saison prochaine et la suivante», affirment les musiciens. «Une prolongation du mandat permettrait de mener à bien un parcours artistique de valeur», expliquent-ils.
Un mouvement de contestation plutôt rare qui va compliquer la tâche du gouvernement italien. La nomination de Fortunato Ortombina, un Italien âgé de 63 ans et actuel directeur de la Fenice de Venise, devrait être soumise au vote du conseil d'administration de la Scala programmé le 8 avril.
Malgré tout, Dominique Meyer peut encore espérer conserver son poste. Stéphane Lissner, directeur français de l'Opéra de Naples et âgé de 71 ans, avait été contraint de quitter ses fonctions en juin dernier en vertu du décret instaurant la limite d'âge. Mais le tribunal de Naples avait qualifié cette mesure «d'illégitime» et demandé la réintégration de Stéphane Lissner.
La bataille pour la direction de la Scala de Milan ne fait donc que commencer.