En se penchant sur la personnalité complexe du compositeur Maurice Ravel, Anne Fontaine revient sur la genèse d'un chef d'œuvre dans «Boléro», en salles ce mercredi. Une histoire incarnée à l'écran par Raphaël Personnaz.
Toutes les quinze minutes, il se jouerait une version du «Boléro» de Maurice Ravel dans le monde. Un air célèbre et universel qui est au cœur du nouveau long-métrage d’Anne Fontaine, au cinéma ce mercredi 6 mars. Après s’être intéressée en 2009 à la célèbre couturière Gabrielle Chanel dans «Coco avant Chanel», la réalisatrice s’attarde sur le destin du célèbre compositeur, et plus particulièrement sur le processus de création laborieux et douloureux d’une œuvre musicale créée il y a près de cent ans.
Revendiquant des prises de liberté avec l’exactitude historique et la biographie signée Marcel Marnat qui lui a servi de bible, la cinéaste, issue d’une famille de musiciens, nous plonge en 1928, dans le Paris des années folles. L’influente et avant-gardiste danseuse russe Ida Rubinstein commande à Maurice Ravel (1875-1937) la musique de son prochain ballet, qu’elle souhaite sensuelle et érotique. Une demande qui tétanise le musicien et le laisse dans un profond désarroi.
Un génie insatisfait desservi par un manque de rythme
Pendant deux heures, on suit ce génie en proie aux doutes qui peine à trouver l’inspiration. Cet homme qui semble enfermé dans son propre corps, incapable de faire part de ses émotions ou de ses sentiments amoureux. Si ce n’est par la musique. Totalement habité par son art mais éternel insatisfait, il apparaît engoncé dans ses chaussures et marqué par les épreuves.
Amaigri d’une dizaine de kilos, Raphaël Personnaz est plutôt convaincant dans la peau de Maurice Ravel. Il réussit à retranscrire toute sa sensibilité, sa raideur, sa rigueur et son perfectionnisme, l’incarnant de ses échecs (nombreux) au prix de Rome à ses dernières années, rongé par des troubles cognitifs dans sa propriété du Belvédère. «Boléro» rend par ailleurs un bel hommage aux femmes qui entouraient le compositeur : la muse Misia (Doria Tillier), la confidente et pianiste Marguerite Long (Emmanuelle Devos), l’envoûtante Ida Rubinstein (Jeanne Balibar) et la mère bienveillante (Anne Alvaro).
On regrettera cependant un manque de rythme et une mise en scène qui tourne parfois en rond, malgré la supervision musicale d'Alexandre Tharaud et l'ultime chorégraphie de François Alu dans un subtil jeu de contrastes.