À quelques jours du Salon de l'agriculture qui se tiendra à Paris, et alors que la colère est toujours présente dans le monde paysan, voici cinq films français à (re)voir sur ce secteur de plus en plus sinistré.
«Profils paysans» (2001, 2005, 2008)
Fils d’agriculteurs, le célèbre photographe et cinéaste Raymond Depardon a souhaité mettre en lumière le monde paysan, cet univers rural qu’il connaît bien, en proposant une série documentaire déclinée en triptyque : «L’approche», «Le quotidien», «La vie moderne». On y suit plusieurs agriculteurs qui racontent leurs difficultés et les bouleversements auxquels ils sont confrontés. Le réalisateur a posé sa caméra pendant une dizaine d’années dans différentes fermes en Lozère, Haute Saône, Ardèche et en Haute-Loire.
«Petit paysan» (2017)
Ce film d’Hubert Charuel brosse le portrait de Pierre, un jeune éleveur laitier qui voit sa vie basculer quand il découvre que l’une de ses bêtes saigne au niveau du dos, ce qui pourrait être l’annonce de la vache folle. S’il décide d’éliminer cette bête contaminée, mentant au passage aux autorités sanitaires et à sa sœur vétérinaire, le reste de son troupeau ne sera peut-être pas épargné. Pour sa performance poignante dans la peau de cet agriculteur confronté à une épidémie, Swann Arlaud a reçu le César du meilleur acteur.
«Au nom de la terre» (2019)
Ce drame social avec Guillaume Canet, qui a connu un incroyable succès critique et public, s’inspire du destin du père du réalisateur Edouard Bergeon, un paysan qui s’est donné la mort après s’être battu pour sauver son exploitation. A son retour des Etats-Unis, Pierre Jarjeau décide de racheter la ferme familiale. Vingt-cinq ans plus tard, on le retrouve sur ses terres, entouré de sa femme, de son fils aîné, et de Mehdi, son ouvrier agricole. La joie a laissé place au désespoir. Sous le regard de son père à la retraite qui ne daigne pas l’aider, Pierre, surendetté avec son élevage de biquettes, n’arrive pas à assurer les rendements. S’ensuit une longue descente aux enfers.
«Roxane» (2019)
Après un court-métrage «Sois heureuse ma poule», Mélanie Auffret signe un premier long-métrage qui mêle agriculture et poésie à la campagne. Éleveur de poules bio en Bretagne, Raymond, joué par Guillaume de Tonquédec, décide de se filmer en train de leur réciter des textes de théâtre classique, dont «Cyrano de Bergerac», et de publier ces vidéos sur les réseaux sociaux. Une manière de créer le buzz et de sensibiliser l’opinion publique à sa cause, lui qui est au bord de la faillite après que la coopérative locale a annoncé ne plus vouloir collaborer avec les petits producteurs.
«La terre des hommes» (2021)
Constance, qui veut reprendre avec son compagnon l’exploitation familiale, s’allie avec le dirigeant du marché aux bestiaux pour s’extirper de la précarité dans laquelle elle est plongée. Mais cet homme puissant profite de son statut et de sa position - celle d’avoir le droit de vie ou de mort sur la ferme -, et abuse de la jeune femme. Cette dernière va devoir faire preuve de courage et de volonté pour mener à bout les négociations. Avec ce film engagé qui compte au casting Diane Rouxel, Finnegan Oldfield et Jalil Lespert, le réalisateur Naël Marandin dénonce la situation financière de plus en plus difficile de milliers d’agriculteurs, mais aussi la domination masculine qui règne dans le milieu. «L’élevage est un monde d’hommes. Les exploitations se transmettent de pères en fils. Le marché aux bestiaux est un lieu masculin», a-t-il précisé.