Présenté hors compétition au Festival de Cannes, «L'abbé Pierre - Une vie de combats» sort au cinéma ce mercredi. Que vaut ce biopic avec Benjamin Lavernhe ?
Un peu plus d’un an après la sortie du biopic sur Simone Veil, «Simone, le voyage du siècle», qui a attiré pas moins de 2,5 millions de spectateurs, «L’abbé Pierre - Une vie de combats» débarque en salles ce mercredi 8 novembre, avec le comédien Benjamin Lavernhe dans la peau du célèbre prêtre et cofondateur d’Emmaüs.
Dresser le portrait d’un héros populaire s’avère toujours une tâche ardue. Le réalisateur Frédéric Tellier («L’affaire SK1», «Sauver ou périr», «Goliath») s’empare du mythe et revient sur l’intégralité des combats qu’a menés l’abbé Pierre, quand Denis Amar se concentrait sur son célèbre appel en faveur des sans-abri dans «Hiver 54», avec Lambert Wilson, sorti en salles en 1989.
Des acteurs crédibles, une mise en scène académique
De son séjour écourté chez les Capucins avant la Seconde Guerre mondiale, à sa disparition en 2007 à l’âge de 94 ans, ce long-métrage présenté hors compétition au Festival de Cannes en mai dernier, balaye tous les épisodes de manière chronologique - quitte à en survoler certains - qu’a surmonté ce résistant, député et défenseur des mal logés à la santé fragile. A vouloir tout raconter, Frédéric Tellier s’égare parfois et peine à nous émouvoir, malgré la prestation convaincante en soutane de Benjamin Lavernhe, qui se donne corps et âme pour redonner vie à Henri Grouès, devenu «la voix des sans-voix».
La vraie plus-value de ce film reste le coup de projecteur donné à la relation qui unissait l’abbé Pierre à Lucie Coutaz, sa secrétaire qui l’a accompagné pendant près de quarante ans. Incarnée à l’écran par l’actrice Emmanuelle Bercot (formidable), cette femme au tempérament de chef a œuvré dans l’ombre pour faire perdurer le mouvement Emmaüs qu’elle a cocréé.
Reste que la mise en scène ultra académique se laisse aller à quelques effets de style maladroits, à l’instar du recours au split-screen totalement inutile qui dessert le récit. «L’abbé Pierre - Une vie de combats» manque par moments d’inventivité, malgré un sujet qui mérite amplement qu’on lui dédie un film.