Alors que le réalisateur Cédric Khan mûrissait le projet depuis quinze ans, le film «Le procès Goldman» sort ce mercredi au cinéma. Un thriller judiciaire immersif et captivant, proche du réel.
En novembre 1975, le deuxième et retentissant procès du militant d'extrême-gauche Pierre Goldman débute. C'est cette affaire que le réalisateur Cédric Khan choisit de mettre en lumière dans son film dévoilé en salles ce mercredi.
Condamné en première instance pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes, le demi-frère du chanteur Jean-Jacques Goldman clame haut et fort son innocence, devenant parallèlement l’icône de la gauche radicale, intellectuelle et révolutionnaire.
Georges Kiejman, jeune avocat sérieux et déterminé, assure la défense de ce militant idéaliste plutôt barré, insaisissable, indomptable, souvent arrogant mais entier. Et doué d'une impressionnante intelligence. Très vite, leurs rapports tendus compromettent l'issue du procès...
Une France endormie
Tourné en huis clos, presque dans les conditions du réel, à mi-chemin entre l'éloquence théâtrale et la tension d'un tribunal, «Le procès Goldman» est un film coup de poing qui, au-delà de nous renvoyer aux combats révolutionnaires des années 1970, dresse le portrait d'un écorché vif, jamais guéri de ses traumatismes d'enfant issu de rescapés de la Shoah, et à l'héritage juif intrinsèquement présent, presque encombrant.
Et c'est la force du cinéaste Cédric Kahn de transcender le simple «film de tribunal» pour suggérer des combats unitaires sincères, une solidarité entre minorités et une convergence de lutte non factice dans cette France blafarde et statique des années pompido-giscardiennes.
La force du verbe renforcée par une belle interprétation
La force du verbe (magnifiques et flamboyants plaidoyers des deux parties), l'humour et la répartie cocasse de Goldman, aussi attachant que provocateur - formidable Arieh Worthalter -, autant que le doute qui s'installe, font de ce long-métrage une œuvre d'une grande intensité.
L'incroyable interprétation de comédiens non connus du grand public - dont le cinéaste Arthur Harari (qui campe un très charismatique Georges Kiejman) ou la très sensible Chloé Le Cerf dans le rôle de Christiane, la compagne antillaise de l'accusé - rendent ce procès totalement immersif, dense et jamais ennuyeux. Longtemps après sa projection, le film continue de nous questionner, voire de nous hanter.