Huit ans après «Microbe et Gasoil», l’inclassable Michel Gondry signe un retour magistral au cinéma avec «Le livre des solutions». Une œuvre personnelle et décalée qui sort ce mercredi.
Après avoir enthousiasmé la Croisette lors de sa présentation à la Quinzaine des cinéastes du Festival de Cannes en mai dernier, «Le livre des solutions» débarque au cinéma ce mercredi 13 septembre. Il signe les retrouvailles de Michel Gondry avec les salles obscures, lui qui n’a pas atteint le succès escompté avec son dernier film «Microbe et Gasoil», attirant moins de 100.000 spectateurs en salles. Avec cette création inédite très personnelle, le réalisateur et scénariste à l’imagination débordante est au sommet de son art.
Pour le récit poétique en partie autobiographique
«Le livre des solutions» dresse le portrait de Marc, un réalisateur névrosé et bipolaire qui a du mal à canaliser sa créativité. Alors que ses producteurs lui tournent le dos, le jeune homme légèrement hyperactif - au grand dam de ses proches - organise le braquage de son propre film, prenant la fuite avec toute son équipe, les rushs sous le bras. C’est perdu dans les Cévennes, chez sa chère tante Denise, qu’il décide de finir son long-métrage mais peine à structurer sa pensée. Ce personnage fantasque et haut en couleurs est directement inspiré de Michel Gondry, lui qui a connu des périodes de creux et de doute fréquentes. Avec autodérision, l’auteur de «Eternal Sunshine of the Spotless Mind» se concentre sur la folie créatrice et les ravages qu’elle peut engendrer.
Pour Pierre Niney, génialissime alter ego du réalisateur
N’est pas Michel Gondry qui veut. Pour camper ce protagoniste, le cinéaste de 60 ans a jeté son dévolu sur Pierre Niney, son filleul de cinéma qu’il avait accompagné en tant que parrain lors de la cérémonie des César en 2012. Selon le réalisateur, l’acteur, devenu depuis le chouchou du public français, possède un «très bon sens du timing», a une «excellente diction» et peut - assurément - être «drôle». «En outre, pour que je puisse m’identifier à un comédien, il ne faut pas qu’il dégage trop de testostérone. Pierre me semble équilibré de ce point de vue», ajoute Michel Gondry. Celui qui incarnera bientôt le comte de Monte-Cristo signe une performance grandiose, réussissant à devenir un anti-héros aussi attachant qu’exaspérant.
Il est entouré d’une belle galerie de seconds rôles féminins : Blanche Gardin qui joue la monteuse capable de passer de l’émerveillement à l’agacement, Françoise Lebrun irrésistible dans le rôle de tante Denise, ou encore Frankie Wallach en régisseuse toujours aux petits soins... même à deux heures du matin.
Pour l’hommage rendu à un cinéma artisanal
A l’heure des blockbusters hollywoodiens où les effets spéciaux prennent souvent le pas sur l’émotion, qu’il est appréciable de redécouvrir le cinéma artisanal de Michel Gondry. Ce bric-à-brac que l’on aime tant et qui nous embarque dans un monde fantaisiste aux frontières de l’enfance. A l’image de ce «camiontage» que Marc crée pour sa monteuse. «J’aime beaucoup les objets combinés. Il y a là aussi l’idée d’une utopie. Ce camion est dans mon garage depuis soixante ans. J’avais cette idée de transformation dans ma tête depuis longtemps et ce film a été l’occasion de lui donner corps», avoue le cinéaste. Comme son alter ego qui utilise deux tuyaux d’arrosage pour «créer de la pluie» lors d’une scène dans son jardin, Michel Gondry est unique et semble toujours prendre un malin plaisir à se perdre, entre rêve et réalité.