«La Souterraine», le nouveau livre signé Sophie Marceau, sort ce jeudi en librairie. Surprenant, d'une belle écriture, drôle et profond à la fois, le nouveau livre de la célèbre actrice est un jeu de pistes brillant et grisant.
Nous sommes beaucoup, en France comme ailleurs à partager une évidence : dès qu’apparait Sophie Marceau, le monde est plus beau. Depuis plus de quatre décennies déjà, au fil d’une filmographie plurielle, d’apparitions mémorables, de couvertures de magazines à foison, l'actrice, familière et mystérieuse, proche et insaisissable à la fois, fascine, interpelle et ne laisse que peu de monde indiffèrent. Autant dire que la sortie de son nouveau livre intrigue, soulève la curiosité (le doute ?), l’attente…
Et après 148 pages d’une lecture dense (voire hypnotique par instants), on est plutôt grisé, heureux, reconnaissant et admiratif face à cette démarche généreuse et exigeante qui forcément, souffre de la comparaison et des préjugés. Sophie Marceau nous offre un récit libre qui, aussi bien dans sa nature que dans son essence, se distingue par sa singularité, son rythme ludique, sa douceur insolente.
«La Souterraine» (Ed. Seghers), ce sont treize histoires et sept poésies. Treize nouvelles en forme de «métaphores» ou de passé recomposé. Des jeux de mots et de maux toujours éloquents. Des phrases courtes et saillantes qui pourraient être des titres de romans (ou de films ?). Un clin d’œil à l’album d’une très célèbre chanteuse y est même suggéré dès les premières pages… L’écriture est certes exigeante mais toujours élégante, quasi-chorégraphiée, et l'auteure trouve le moyen d'éviter les pièges du pathos ou les risques du maniérisme.
Souvenirs communs avec le lecteur
L’auteure nous embarque dans des histoires courtes, mystérieuse et souvent mélancoliques, des chroniques ou des destinées assez distinctes les unes des autres. Et pourtant. De manière sous-jacente, la narratrice s’interroge et nous interroge sur la condition féminine, le jeu des apparences, le poids du milieu social ou de l’héritage parfois lourd à assumer. Un propos qui questionne et tisse un sentiment de complicité particulièrement grisant entre la star et le lecteur.
De Sophie Marceau, on connait en effet la prestance et la présence, la cinégénie et bien sûr la voix. Et c’est cette voix identifiable entre mille qui, subrepticement, nous raconte ces histoires, nous confie les codes à déchiffrer au-delà des mots et des situations, des personnages ou des péripéties. On repense à la magnifique performance théâtrale de la comédienne seule en scène dans «Une histoire d’âme», de Bergman (mis en scène par Bénédicte Acolas). Et des évidences nous apparaissent alors : le jeu de piste malicieux joue autant avec nos souvenirs communs, qu'avec l'image publique ou la filmographie de l'actrice, le tout, bien entendu, au-delà des apparences...
Au cœur de ces récits qui s’enchainent, se dégage une sororité qui fait écho à la fois aux personnages emblématiques incarnés par l’auteure à l’écran, comme au vécu qu’elle a très probablement réinventé en y ajoutant une part de fiction et de poésie. Lucide, tendre, cruel parfois, «La Souterraine» est une expérience délicieusement touchante qui rappelle combien la magie des mots, la puissance des phrases et la musicalité d’une écriture rythmée possèdent décidément un don insoupçonné, toujours surprenant.
«La Souterraine», de Sophie Marceau, ed.Seghers, 160 p., 17€.