La venue de Frédéric Taddeï sur CNEWS pour y animer l’émission de débat «Les visiteurs du soir» les samedis et dimanches à 22h a suscité de nombreuses réactions. Ce qui n’a pas véritablement surpris le journaliste, habitué dès le début de sa carrière à se trouver sous le feu des critiques. L’important restant pour lui, comme il nous l'explique, de continuer à faire vivre le débat démocratique.
Qu’est-ce qui a motivé votre arrivée sur CNEWS ?
Serge Nedjar, le patron de CNEWS, m’a appelé à Europe 1. Nous avons beaucoup discuté. Il m’a proposé d’animer une émission le samedi soir et le dimanche soir qui prendrait du recul sur l’actualité, de la hauteur, avec des invités qui savent de quoi ils parlent, une émission qui ferait réfléchir les téléspectateurs. C’est le genre de feuille de route qui me plaît. J’ai accepté avec plaisir.
Que répondez-vous à ceux qui critiquent votre choix ?
J’ai l'habitude. Quand j’ai commencé à la télévision, sur Canal+, après avoir écrit longtemps dans «Actuel», on a dit que j’allais me corrompre, que la presse écrite était plus noble. Quand j’ai commencé «D’art d’art» sur France 2, on m’a dit que parler d’art à une heure de grande écoute était inutile, c’était «donner des perles aux cochons», dixit un grand critique d’art. Quand j’ai quitté Radio Nova pour Europe 1, on m’a reproché de «sacrifier mon indépendance» pour rejoindre un grand groupe de médias, Quand j’ai arrêté «Paris Dernière», sur Paris Première, pour créer «Ce soir (ou jamais) ?» sur France 3, on a dit que j’étais trop branché pour aller sur une chaîne «uniquement regardée par des vieux», que j’allais forcément me ramasser et mon émission avec. Elle a duré dix ans et on en parle encore !
Ceux qui connaissent mon travail savent que je reste toujours le même
Quand je suis allé sur RT, qu’est-ce que je n’ai pas entendu ! Que j’allais faire la propagande de Poutine. L’émission a duré trois saisons, quatre fois par semaine, personne n’y a trouvé la moindre propagande pour qui que ce soit. Aujourd’hui, c’est CNEWS qui a l’air de poser problème à certains ? Ceux qui connaissent mon travail savent que, mes émissions ont beau évoluer en fonction des chaînes, des horaires et des moyens mis à ma disposition, je reste toujours le même. Et c’est pour cette raison que CNEWS a fait appel à moi, ce dont je la remercie.
Comment a été pensée votre émission «Les visiteurs du soir» ?
C’est une émission sur l'actualité, avec des interviews, des débats, mais un peu différente de ce qu’on a l’habitude de voir à la télé. Les événements qui font l’actualité sont l’écume des choses.
Quels seront les profils de vos invités ?
Vous connaissez cette expression, «les visiteurs du soir», pour désigner ces conseillers de l’ombre qui viennent chuchoter tard le soir à l’oreille du président de la République. Il y en a dans tous les domaines, ils viennent de tous bords, le président n’est pas forcément de leur avis, mais ils savent de quoi ils parlent et les écouter, ça l’aide avant de prendre une décision.
Je propose des invités qui nous permettent de nous forger notre propre opinion
Tout le monde aimerait bien avoir des «visiteurs du soir». Enfin, moi j’aimerais bien ! Eh bien, c’est ce que je propose dans cette émission : des invités de tous bords, dans tous les domaines, qui connaissent leur sujet, qui ne sont pas forcément d’accord entre eux, et qui nous permettent de nous forger notre propre opinion.
En 2013, vous aviez qualifiés «Ce soir (ou jamais !)» comme l’émission la plus transgressive du PAF, dans le sens où elle donnait la parole à tous les courants de pensées. C’est un peu votre marque de fabrique ?
Il faut croire. Certains me la reprochent encore. Heureusement, ils ne sont qu’une toute petite minorité. Cette émission a laissé un très bon souvenir chez tous ceux qui la regardaient. Ce sont ceux qui ne la regardaient pas qui la critiquent. D’ailleurs, dans la plupart des cas, ils lui reprochent des choses qui n’ont jamais existé ! Je crois que si l’on veut faire réfléchir, il faut transgresser les conventions, même les mieux établies. Mais ça ne signifie pas laisser dire n’importe quoi par n’importe qui, ce que je n’ai jamais laissé faire sur mon plateau.
Qu’est-ce qui vous plaît dans le concept de l’émission de débats ?
C’est la preuve que nous vivons en démocratie. On peut être en désaccord sur tout et pourtant vivre ensemble. Quand il n’y a plus de débat possible, quand on le refuse ou qu’on en a peur, c’est qu’on est mûr pour la guerre civile. Heureusement, on en est loin. Les Français aiment toujours autant le débat. C’est quand on les en prive qu’ils râlent !
«Les visiteurs du soir», tous les samedis et dimanches en direct à partir de 22h.