Réalisé par Stephen Williams, le film «Chevalier» suit l’histoire fascinante de Joseph Bologne Chevalier de Saint-George, un compositeur français qui fut connu aussi bien pour ses talents d’escrimeur que de musicien. Et qui est relativement tombé dans l’oubli.
Une vie romanesque. Le réalisateur Stephen Williams a réalisé le film «Chevalier», qui sortira dans les salles françaises le 5 avril prochain, avec le comédien Kelvin Harrison Jr. dans le rôle principal. Récemment projeté lors du Festival du film international de Toronto, le long métrage a reçu un accueil favorable de la part des critiques.
Une bande annonce dévoilée
Une bande annonce a été diffusée et elle se révèle particulièrement efficace. Même si elle n’est disponible qu’en version originale pour le moment.
une ascension fulgurante
Né en Guadeloupe en 1745 d’une mère esclave prénommé Nanon, et d’un père gentilhomme, Georges Bologne – qui l’a reconnu officiellement comme son fils – Joseph Bologne est arrivé en France quatre ans plus tard. Son père souhaitant offrir à son fils la meilleure éducation possible afin d’en faire un membre à part entière de la haute aristocratie française, le garçon – qui se retrouve affranchi, libéré de la servitude par le pouvoir du sol du royaume selon l’article 59 du Code Noir – sera placé sous la tutelle du maitre d’armes et écrivain Nicolas Benjamin Texier de La Boëssière.
À partir de ce moment, son ascension au sein de la société française – où la distinction de race est pratiquée, mais dans laquelle la noblesse, dont Joseph fait partie, règne sans partage sur ce système inégalitaire – est alors fulgurante. Sa maîtrise de l’épée est telle qu’il est considéré comme un des meilleurs escrimeurs à travers toute l’Europe. Son éducation aristocratique lui permet de recevoir un enseignement musical prodigué par le violoniste et compositeur Jean-Marie Leclair, ainsi que le compositeur François-Joseph Gossec. Et là encore, Joseph Bologne Chevalier de Saint-George se révèle être un virtuose de l’archet, au point d’intégrer le cercle rapproché de Marie-Antoinette, ou encore de Louis-Philippe d’Orléans. Ses talents de compositeur lui valent le surnom controversé de «Mozart Noir».
Métis, certains le désignant comme «mûlatre», Joseph Bologne Chevalier de Saint-George dérange autant qu’il fascine. Quand il se voit proposer de prendre la direction de la prestigieuse Académie royale de Paris, ses détracteurs – notamment les vedettes de l’époque Sophie Arnould, Rosalie Levasseur et Marie-Madeleine Guimard – écrivent à la reine pour l’en empêcher, prétextant que leur honneur et la délicatesse de leur conscience ne leur permettraient jamais «d’être soumises aux ordres d’un mulâtre». Quand la Révolution Française éclate, Joseph Bologne Chevalier de Saint-George séjourne en Angleterre. Une fois de retour en France, il est enrôlé dans la Garde nationale de Lille où il obtient le grade de capitaine. Il sera arrêté en septembre 1793 durant la Terreur, suspecté de sympathies royalistes, et sera incarcéré en attendant d’être exécuté. Mais la chute du régime en juillet 1794 lui permet d'échapper à l'échafaud. Il mourra 5 ans plus tard à l’âge de 54 ans.
un casting royal
Aperçu au générique du film «Les Sept de Chicago» en 2020, ou plus récemment dans «Elvis» de Baz Luhrmann, Kelvin Harrison Jr. a épaté les critiques avec sa performance. Il y donne la réplique à Samara Weaving (Ready or Not), Lucy Boynton (Bohemian Rhapsody), Marton Csokas (The Equalizer), Alex Fitzalan (Slender Man), mais aussi Minnie Driver (Will Hunting).