Quatre ans après «Call me by your name», qui l’a révélé au grand public, Timothée Chalamet retrouve le réalisateur Luca Guadagnino pour un rôle à contre-emploi dans «Bones and all». Une romance sur fond de cannibalisme, qui sort ce mercredi au cinéma.
En 2018, on découvrait un jeune homme au physique d’éphèbe et aux boucles brunes, répondant au nom de Timothée Chalamet, qui, le temps d’un été en Italie, vivait une idylle homosexuelle dans «Call me by your name». Qautre ans plus tard, et des blockbusters au compteur («Le Roi», «Dune»…), l’acteur de 26 ans, devenue la coqueluche d’Hollywood, retrouve le réalisateur Luca Guadagnino pour «Bones and all», sur les écrans ce 23 novembre. Une romance beaucoup plus gore, qui se déroule dans le Midwest des années 1980. Et une première incursion aux Etats-Unis pour le cinéaste italien, qui ne manque pas de mordant.
Dans un rôle à contre-emploi qui vient casser son image de garçon doux et gentil, Timothée Chalamet se glisse dans la peau de Lee, un marginal aux cheveux teints et au jean déchiré, qui se déchaîne sur «Lick It Up» de Kiss - une scène qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler la chorégraphie sur «Love My Way» des Psychedelic Furs dans «Call me by your name». Ce vagabond à la gueule d’ange va croiser la mystérieuse et timide Maren qui, comme lui, a un appétit féroce pour la chair humaine. Ensemble, ils vont parcourir, tels Bonnie and Clyde, les Etats américains des laissés-pour-compte au volant de leur pick-up, croisant sur la route d’autres cannibales qui, comme eux, aiment se nourrir de corps frémissants.
Des parias en quête de bonheur
Plus qu’un film sur le cannibalisme, «Bones and all» est avant tout une histoire d’amour impossible entre deux jeunes isolés et vulnérables. À la lisière de l’adolescence et de l’âge adulte, ils tentent de comprendre qui ils sont et de s’extraire de leurs conditions, malgré ce sentiment douloureux d’être déjà condamnés. Outre quelques scènes violentes déconseillées aux moins de 16 ans, ce road-movie dérange car les spectateurs ressentent rapidement de l’empathie pour Lee et Megan qui, à cause d'une pathologie (héréditaire ?), tuent des êtres innocents, ne pouvant contrôler leurs pulsions. Des parias qui, derrière ces actes barbares, cherchent avant tout à trouver leur place dans un monde qui ne les accepte pas.
«(Bones and all») est davantage une méditation sur ce que nous sommes, sur la manière dont nous pouvons surmonter nos émotions si tant est que nous ne puissions pas les contrôler. Je voulais qu’on voie chez Maren et Lee une projection métaphorique de toute la complexité de l’être humain», explique le réalisateur, qui ne souhaitait pas choquer l’audience avec un film d’épouvante.
En compétition à la Mostra de Venise en septembre dernier, le long-métrage, adapté d’un livre de Camille DeAngelis, a remporté le Lion d’argent du meilleur réalisateur. La jeune interprète canadienne Taylor Russell a reçu, quant à elle, le prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune espoir. Une récompense amplement méritée tant sa prestation est remarquable. Elle hypnotise les spectateurs de sa présence magnétique, et n’a pas à pâlir face à la désormais star Timothée Chalamet. On notera également la performance totalement bluffante de Chloë Sevigny, méconnaissable dans le rôle de la mère de Maren, laquelle semble avoir perdu la raison et nous glace le sang.