L'heure des verdicts approche pour les grands prix littéraires. Derniers en date à révéler leur sélection finale, le Goncourt et le Femina, qui ont livré les noms des prétendants encore en lice ce mardi.
C’est bientôt l’heure du verdict du côté des prestigieux prix littéraires français. Deux d’entre eux, le Goncourt et le Femina, ont livré ce mardi la liste de leurs finalistes pour l’attribution.
Du côté du prix Goncourt, qui sera remis au restaurant Drouant à Paris le 3 novembre prochain, le jury, dont l’annonce a été faite depuis la capitale libanaise, Beyrouth, a retenu quatre noms. Celui de l'Italo-Suisse Giuliano da Empoli, dont le roman «Le Mage du Kremlin» (Gallimard), sorti en avril, raconte l'itinéraire d'un conseiller fictif du président Vladimir Poutine, avec en fil conducteur l'histoire de la Russie depuis l'éclatement de l'Union soviétique.
S’y ajoute la Française Brigitte Giraud, qui évoque dans «Vivre vite» (Flammarion) les derniers jours de son mari, tué dans un accident de moto en 1999, et les suites de ce drame. Cloé Korman, elle aussi retenue, signe avec «Les presque sœurs» (Seuil) une enquête sur des enfants victimes de la Shoah, cousines de son père.
Enfin, le Haïtien Makenzy Orcel, dans «Une somme humaine» (Rivages), fait parler d'outre-tombe, sur 600 pages dans une langue foisonnante et ininterrompue, une femme habitée par la poésie et la violence.
Une annonce en petit comité
Cette annonce au Liban a connu quelques remous. Seuls quatre membres de l’Académie Goncourt étaient présents – le président Didier Decoin, le secrétaire Philippe Claudel, et deux jurées, Camille Laurens et Paule Constant - les autres ayant décliné l’invitation. Ce déplacement était en effet organisé dans le cadre de la première édition d'un festival littéraire, organisé par l'Institut français dans cette grande ville francophone.
Mais la programmation du festival Beyrouth Livres a en effet déplu au ministre libanais de la Culture Mohammad Mourtada, proche du mouvement chiite Amal, un allié du puissant groupe pro-iranien Hezbollah. Il avait annoncé le 8 octobre, dans un communiqué, retiré depuis, qu'il «ne permettrai[t] pas à des sionistes de venir parmi nous et de répandre le venin du sionisme au Liban». Ce à quoi les Français Eric-Emmanuel Schmitt, Pascal Bruckner, Pierre Assouline, et le Franco-Marocain Tahar Ben Jelloun ont répondu en refusant de faire le déplacement.
«Je ne me sentirais pas en sécurité dans ce pays où on assassine assez facilement», a ainsi déclaré lundi sur France Inter M. Ben Jelloun.
Ce dernier est l'une des nombreuses cibles des ennemis d'Israël en raison de ses positions pour une meilleure compréhension entre Arabes et Juifs, et de sa critique du boycott systématique d'Israël. Françoise Chandernagor et Patrick Rambaud ont, eux aussi décliné l'invitation.
Un Femina très féminin
Pour le Femina, dont les prix dans les trois catégories – roman français, roman étranger, essai – seront remis le 7 novembre prochain, le jury a retenu dans la catégorie phare du roman français cinq femmes et un homme. Grégoire Bouillier, qui signe dans «Le cœur ne cède pas» (Flammarion) une enquête de 900 pages sur un fait divers des années 1980, la mort d'une femme qui avait arrêté de se nourrir, Polina Panassenko pour «Tenir sa langue» (L'Olivier), Brigitte Giraud (toujours en lice pour le Goncourt) avec «Vivre vite» (Flammarion), Sibylle Grimbert pour «Le Dernier des siens» (Anne Carrière), Claudie Hunzinger, avec «Un chien à ma table» (Grasset), et Oriane Jeancourt Galignani avec «Quand l'arbre tombe» (Grasset).
Pour les romans étrangers, on retrouve Rachel Cusk («La Dépendance», Gallimard, Grande-Bretagne), Andreï Kourkov («Les Abeilles grises», Liana Levi, Ukraine), Colm Toibin («Le Magicien», Grasset, Irlande), et Hanya Yanagihara («Vers le paradis», Grasset, États-Unis). Enfin, du côté des essais, les finalistes sont Paul Audi («Troublante identité», Stock), Jean-François Braunstein («La Religion woke», Grasset), Guillaume Durand («Déjeunons sur l'herbe», Bouquins), Florence Naugrette («Juliette Drouet, compagne du siècle», Flammarion), Krzysztof Pomian («Le Musée, une histoire mondiale, tome III», Gallimard) et Annette Wieviorka («Tombeaux, autobiographie de ma famille», Seuil).