Alors que de nombreux articles parus la semaine dernière annonçaient que l’acteur Bruce Willis, à la retraite en raison de problèmes de santé, avait vendu son image à une société spécialisée en deepfakes pour continuer à apparaître de manière numérique dans de futurs projets, son agent a ce week-end tenu à démentir la rumeur.
Le jumeau numérique de Bruce Willis existe, mais pas l'autorisation de s'en servir. Le porte-parole de la star de «Piège de Cristal» a tenu ce week-end à démentir la rumeur selon laquelle l'acteur aurait officiellement donné son accord pour qu'une société spécialisée dans le deepfake utilise son avatar numérique dans de futurs projets au cinéma ou à la télévision.
Le 27 septembre dernier, le Daily Mail et Le Telegraph avaient en effet annoncé que l’acteur avait donné l'autorisation à Deepcake de pouvoir utiliser son image. «Bruce Willis, deux fois lauréat d’un Emmy Award, pourra encore apparaître dans des films après avoir vendu ses droits d’image», indiquait le DailyMail. «Bruce Willis est devenu la première star hollywoodienne à vendre ses droits pour permettre à un 'jumeau numérique' de lui-même d'être créé pour être utilisé à l'écran», croyait aussi savoir le Télégraph.
Or, un porte-parole de la star a ce week-end déclaré à la BBC que Bruce Willis n’avait en réalité conclu «aucun partenariat ou accord» avec Deepcake. Un représentant de la société a lui aussi assuré que seul l'acteur possédait les droits sur son visage.
La précision est d'importance, car c'est cette même société qui avait donné naissance à un jumeau numérique de Bruce Willis - son visage et ses mimiques avaient été greffées numériquement sur le corps d’un homme-tronc - pour une publicité pour une marque de téléphonie diffusée en 2021 en Russie.
Une pratique très en vogue
Quelques temps seulement avant de mettre fin à sa carrière en mars dernier - l'acteur américain souffre d'aphasie, une maladie qui affecte gravement ses capacités cognitives - Bruce Willis avait lui-même justifié sa participation au spot en vantant les mérites de Deepcake : «J'aime la précision avec laquelle mon personnage a été recréé. C'est un petit film dans le genre de mes comédies d'action habituelles. Pour moi, cela représente une belle opportunité de revenir dans le temps. Avec l'avancée des nouvelles technologies, même en étant sur un autre continent, je pouvais communiquer avec eux, travailler et participer à la fabrication de ce film. C'est une expérience nouvelle très intéressante, et je remercie toute l'équipe.»
A Hollywood, ces nouvelles technologies numériques qui permettent de «ressusciter» ou de rajeunir des personnalités, sont de plus en plus régulièrement utilisées. En témoigne les apparences de Carrie Fisher dans «Rogue One» et Mark Hamill dans «Mandalorian».
Récemment, même s’il ne s’agit que de la voix pour ce cas, l’acteur James Earl Jones, 91 ans, a de son côté donné son feu vert afin que Disney et Lucasfilm continuent, sans lui, d’exploiter sa voix dans de nouvelles aventures de son personnage emblématique de Dark Vador. C’est donc désormais avec la voix qu’on lui a toujours connue, mais en réalité une voix synthétique créée grâce à une intelligence artificielle, que le personnage s’exprimera.
Impressionnantes techniquement, et intéressantes à exploiter pour les scénaristes et réalisateurs, à qui elles ouvrent des possibilités à l'infini, il reste à savoir si ces présences entièrement simulées par des algorithmes - dont on peut évidemment en premier lieu questionner les dangers et l'éthique - ne seront pas trop dérangeantes pour le public. Elles inquiètent en tous les cas déjà la profession. En avril, Equity, le syndicat britannique des travailleurs des arts du spectacle, a lancé la campagne «Stop AI Stealing The Show», certains artistes craignant que les contrefaçons de l'IA ne prennent à terme le travail des acteurs.