Pionnier du street-art en France, Jef Aérosol fête ses 40 ans de pochoirs. A l’occasion de cet anniversaire, des centaines d’œuvres réalisées par l'artiste ces derniers mois sont à découvrir à Paris jusqu’au 5 novembre.
Stars de la musique, visages d’anonymes, autoportraits… Figure incontournable de l’art urbain, Jef Aérosol a posé ses pochoirs et sa fameuse flèche rouge sur les murs du monde entier. Cela fait désormais 40 ans que l’artiste trace, coupe, découpe, pour ensuite transformer le paysage urbain d’un coup de bombe.
Pour célébrer ses quatre décennies de création, Jef Aérosol investit la capitale jusqu’au 5 novembre prochain. Cette exposition conçue avec la galerie Mathgoth accueillera une installation monumentale évoquant l’espace urbain et son chaos, et présentera d’autre part, des oeuvres d’atelier créées par le maître du pochoir pour l’événement.
Dans ces locaux bruts de béton du 13e arrondissement, le public pourra admirer des centaines de toiles et ainsi mieux saisir l'univers, l'évolution et les inspirations de cet ancien professeur d’anglais. Voici 3 créations à admirer au fil de ce parcours peuplé d'icônes rock, d'enfants, et d'autoportraits noirs et gris.
Gloire à l'autoportrait avec «CHUUUTTT !!!»
©Jef Aérosol
Situé sur la place Igor Stravinsky à Paris, son immense autoportrait «Chuuuttt !!!» est la fresque la plus photographiée de France. Contrairement à ce qu'elle peut laisser penser, cette œuvre n’invite pas les passants à se taire, mais à tendre l’oreille, à écouter le battement de cœur de la ville lumière. A travers l'autoportrait, Jef Aérosol questionne à la fois sa place d’artiste dans son œuvre et celle de citoyen du monde. Le pochoiriste nantais a commencé à développer cette thématique dans les années 1980. A cette époque, il collectionnait les clichés des cabines Photomaton. Mais loin de lui l’idée de se mettre en avant. «Ces pochoirs me permettaient de faire des images vite fait bien fait», a-t-il affirmé auprès de CNEWS. «C’est un héritage des années punk. Et j’utilise un modèle que l’on a à disposition en permanence : soi-même».
l'éloge de L’enfance avec «TANGLED UP IN BLUE»
©Jef Aérosol
L’enfance est indissociable de l’univers de Jef Aérosol. L’une de ses œuvres emblématiques est le «Sitting Kid», ce petit garçon pensif vu de profil assis en position fœtale qui depuis 2004 se promène un peu partout sur la planète, de la Grande Muraille de Chine à New York aux Etats-Unis, en passant par Ushuaia. En déambulant dans les allées, le public croisera également «Tangled Up in Blue», qui fait référence à une chanson de Bob Dylan, une œuvre représentée sur fond bleu, «une couleur symbolisant le ciel, la mer, Yves Klein, le jardin Majorelle au Maroc, et le blues», a souligné le graffeur humaniste, qui via ces portraits semble suggérer aux adultes de ne pas oublier l’enfant intérieur qui sommeille en eux.
en musique avec «KEITH RICHARDS»
©Jef Aérosol
Les visiteurs se retrouveront également face à Keith Richards, guitariste et cofondateur du groupe rock The Rolling Stones. Une œuvre qui rend hommage à une période décisive pour Jef Aérosol, de son vrai nom Jean-François Perroy. «S’il n’y avait pas eu les années 1960 et le rock'n'roll, Il n’y aurait pas de peinture et je ne serais pas là», a lancé l'artiste, qui a eu sa première guitare à l’âge de 12 ans et n’a plus jamais lâché cet instrument tout au long de sa carrière. «Ces gens ont habité les murs de ma chambre quand j'etais adolescent, et aujourd’hui, ils peuplent les murs des villes», a ajouté Jef Aérosol, qui fait surgir la mémoire collective des mélodies éternelles.
«Jef Aérosol, 40 ans de pochoirs», jusqu'au 5 novembre, 147 Avenue de France (Paris 13e)