«Feu follet», le dernier film du réalisateur portugais João Pedro Rodrigues, présenté à la Quinzaine des réalisateurs lors du dernier festival de Cannes, sort sur les écrans ce mercredi. Une fable étonnante qui joue sur la temporalité et les souvenirs du héros, et exalte le désir.
Au Portugal, un roi sans couronne descendant d’une Monarchie désormais obsolète, confie sur son lit de mort de lointains souvenirs de jeunesse. Une époque où il rêvait de devenir pompier...
Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2022, «Feu Follet» est un film barré, déjanté et presque onirique qui bouscule et subjugue par son audace formelle et anachronique (on passe de 2022 à 2069) et ses libertés très libertines. Sa franche fantaisie comme son érotisme débridé, usent des codes gays jusqu’à la caricature fantasmée. Un spectacle peu commun mêlant comédie de mœurs, satire familiale et comédie musicale.
La chaleur incendiaire au Portugal, ce n’est pas seulement dans les campagnes et montagnes asséchées. Les casernes elles-mêmes ne sont pas en reste. Tout juste débarqué dans une unité peuplée de jeunes mâles testostéronés comme dans un numéro de «Têtu Magazine», le timide Alfredo se prendra peu à peu au jeu d’une séduction subversive.
Un peu comme si Almodovar et François Ozon s’étaient donné rendez-vous sous la caméra lyrique et généreuse de Jacques Demy, le cinéaste portugais nous plonge dans un univers personnel, unique et toujours alerte (fait rare : le film n’excède pas les 68 minutes), où les comédiens principaux comme les formidables seconds rôles parviennent à pérenniser des personnages attachants, drôles et tellement humains. Les dialogues fusent et la répartie est toujours saignante. Les chorégraphies inattendues donnent un sacré coup de fouet et renforcent le propos ludique du cinéaste qui, sans esquiver une thématique plus grave (comment échapper à sa destinée sociale, intime, professionnelle, sexuelle ?) prend un vrai plaisir, tendre et communicatif à filmer les libertés comme on écrit sur des murs.
«Feu follet», de João Pedro Rodrigue. En salles.