Après un premier opus en 2011, Lulu Gainsbourg dévoile le vinyle de «Replay», son quatrième album studio. L’occasion de rencontrer l’artiste, basé à Amsterdam.
Vous avez commencé très tôt la musique, quels souvenirs est-ce que tu gardes de ces premières années d’apprentissage ?
Dès 7 ans je suis entré au conservatoire de piano, puis en solfège avec deux ans d’avance. Ça a toujours été un jeu pour moi, les dictées tout ça… J’ai eu la chance d’avoir une bonne oreille musicale. En parallèle, j’écoutais beaucoup de styles différents ! Une de mes sources d’inspiration principale a été Mickael Jackson. Et progressivement, je me suis ouvert au jazz, au rock... Cette éducation musicale m’a permis d’intégrer la Berklee College of Music, à Boston.
Est-ce que vous avez tout de suite voulu en faire votre métier ?
Pas du tout, c'est venu plus tard. Même arrivé à Berklee à 21 ans, je n'étais pas encore certain de ce que j'allais faire. C’est venu au milieu de ma scolarité. Au bout de deux ans et demi je me suis vraiment motivé à essayer la composition. J'avais un petit groupe où je composais mais je ne chantais pas encore. Puis j'ai terminé mes études et j'ai sorti mon premier album, «From Gainsbourg to Lulu».
C'est ce qu'il y a au fond de toi que tu as envie de sortir.
Aujourd’hui, gardez-vous des réflexes de cette formation classique ?
J'ai envie de dire oui et non. L'apprentissage musical est une notion complexe parce qu’il y a énormément à apprendre, mais en même temps est-ce qu'il y a vraiment des règles à suivre quand tu composes ? C'est ce qu'il y a au fond de toi que tu as envie de sortir. Le monde de la musique est devenu très vaste par rapport à avant, on a davantage de styles, de gens qui peuvent en faire leur métier, ça complique et en même temps ça fait avancer.
Niveau composition, comment est-ce que vous procédez ?
Souvent cela part d'une mélodie, d'une musique, d'une forme... Quand je crée je trouve d’abord une atmosphère, de temps en temps il y a des mélodies qui sont évidentes pour moi, mais c'est vrai que c'est rare. Parfois on part d’un texte pour composer, comme dans «Tequila», parfois on fait tout l’inverse, sur «Replay» par exemple. Il m'arrive d'avoir une inspiration soudaine, avec Lilou on s'assied et en une demi-heure on a le texte et la musique qui vont ensembles, comme cela peut prendre des mois.
Comment avez-vous vécu la pandémie, musicalement parlant ?
Ça a été assez bloquant pour moi, je devais sortir «Replay» en licence, puis au final j'ai dû lancer mon label. Aujourd'hui je fais partie des labels indépendants, j'ai pu faire mon grand saut de ce côté-là de l'industrie. J'en suis fier parce que ce n'est pas simple, j'apprends la facette de producteur. C'est beaucoup plus de pression mais ça apporte une fierté supplémentaire. On voit le vinyle et on se dit «ça y est c'est là».
«Replay» est évoqué comme un album-concept, c’est comme ça que vous l'avez conçu ?
Il y a un peu de ça oui ! En tout cas il y a une histoire qui se commence et qui se finit, donc je pense qu'on peut le catégoriser comme tel. J’y occupe la place du narrateur, et je déroule les titres sont forme de narration, et non pas en chanson.
Avant de vous consacrer pleinement à la musique, vous avez débuté une carrière au cinéma, qu’est-ce que vous en avez retiré ?
Quand je suis parti à Berklee, mon but était d'étudier la musique de film, j'ai toujours été passionné, encore aujourd'hui. J'ai eu la chance de participer à la création d'une bande originale d'un film japonais, et j'ai d'autres projets en cours dont je ne peux pas encore parler autour des musiques de film, donc je ne peux que me réjouir. J'ai eu une expérience en tant qu’acteur mais ce n'est pas ma priorité, même si je ne suis pas fermé aux opportunités.
«Replay», sortie du vinyle le 17 juin 2022.