Aurélie Dupont, directrice de la danse à l'Opéra de Paris, quitte ses fonctions ce dimanche 31 juillet, après quarante ans passés au sein de la prestigieuse maison, pour «se consacrer à des projets personnels».
Une très longue histoire qui prend fin. Comme annoncé en juin dernier dans un communiqué de l'Opéra de Paris, «Aurélie Dupont a souhaité mettre fin à ses fonctions de directrice de la danse de l’Opéra national de Paris et Alexander Neef, directeur général de l’Opéra national de Paris, a accepté sa décision».
L'ex-danseuse étoile de 49 ans, avait succédé en 2016 à la star de la discipline Benjamin Millepied, qui avait claqué la porte de l'Opéra avant même sa deuxième année de mandat, regrettant selon ses dires de ne pas avoir pu apporter autant de changements qu'il l'avait souhaité dans la vénérable institution.
Aurélie Dupont quitte cet été ses fonctions de Directrice de la danse de l’Opéra de Paris. Alexander Neef (@aneef_opera) salue l’engagement de l’une des figures les plus éminentes de l’Institution.
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De son côté, selon le communiqué officiel, c'est pour «se consacrer à des projets personnels, parmi lesquels un livre, un film documentaire et une comédie musicale, et à sa famille», qu'Aurélie Dupont a pris cette décision. «Je quitte aujourd’hui cette magnifique institution avec le sentiment du devoir accompli. Ma plus grande fierté est d’avoir contribué à faire éclore des talents, danseurs et chorégraphes», explique-t-elle dans ce texte.
En éminente membre de la maison d'Opéra qui a gravi un à un tous les échelons, de l'école de danse, en 1983, à la direction, l'une des plus grandes danseuses de sa génération n'oublie pas de saluer l'ensemble des corps de métiers qu'elle a côtoyé durant son mandat : «Œuvrer aux côtés de directeurs attentifs, des danseuses et des danseurs, musiciens, costumiers, régisseurs et techniciens a été pour moi un honneur et un immense bonheur. Je remercie mes directeurs de la confiance qu’ils m’ont accordée et le public toujours plus nombreux. J’ai une pensée toute particulière pour l’ensemble des danseurs et danseuses ; le talent, la passion, le travail et l’engagement qu’ils mettent sans cesse dans le perfectionnement de leur art».
Des réformes aux critiques, un bilan partagé
Comme tout nouveau directeur, elle avait souhaité imprimer sa patte lors de sa prise de fonction. A de nombreux points de vue, sa mission a été réussie, comme le souligne encore le communiqué. «Elle a bénéficié d’une liberté d’action lui permettant de déployer ses talents de programmation qui ont attiré un public nombreux, le taux de remplissage des spectacles de ballet atteignant 98 % pour la saison 21/22. Aurélie Dupont a proposé 18 créations pour la compagnie, 23 entrées au répertoire, la nomination de 7 danseurs et danseuses étoiles et promu l’institution à l’international en y organisant de nombreuses représentations».
Militante d'une plus grande mixité et diversité des genres et influences, elle avait offert une place à de jeunes chorégraphes, issus d'univers variés, comme Mehdi Kerkouche, issu du hip-hop. Des pointures internationales, à l'image de William Forsythe, ou des oeuvres contemporaines incontournables, comme Kontakthof, de Pina Bausch, illustrent l'ouverture d'esprit qu'elle a pu incarner.
Seule véritable ombre au tableau de ces années de direction, les échos d'un sondage interne effectué en 2018 par un organisme élu par les danseurs, qui précisait que 89,8 % d'entre eux considéraient ne pas bénéficier d'un management de bonne qualité et d'un manque criant de dialogue, quand 76,8 % avaient été victimes ou témoins de harcèlement moral et 25,9 % de harcèlement sexuel.
Désormais, l’Opéra national de Paris va mettra en place un comité de sélection, présidé par le président d’honneur du conseil d’administration de l’institution Bernard Stirn, pour désigner le prochain titulaire de ce poste aussi envié qu'exposé.