Avec «Mascarade», au cinéma ce mardi 1er novembre, Nicolas Bedos offre une comédie de mœurs sur la Côte d'Azur où chacun essaie d'arnaquer l'autre. Avec un superbe casting à la clé.
«Mascarade», c'est un peu Sacha Guitry entré par effraction dans «Coup de Torchon» de Bertrand Tavernier. Un thriller vénal sous forme de comédie dramatique, saupoudré de dialogues caustiques («Mieux vaut passer pour un traître que pour un con !»), et mené de main de maître par un Nicolas Bedos très inspiré, au scénario comme à la mise en scène. En bref, «Tout ce qui brille», sous le soleil de la Riviera.
Adrien (Pierre Niney) et Margot (Marine Vacth) se séduisent lors d'une soirée donnée dans la somptueuse villa azuréenne de Martha (Isabelle Adjani), une illustre actrice un peu sur le déclin. Lui est le gigolo de la star esseulée - sous couvert d'écrivain en devenir - et la jeune femme rencontrée, une vénéneuse croqueuse de diamants, mythomane et manipulatrice comme on en croise souvent là où l'argent coule à flots. Les deux trentenaires vont alors bien vite s'entendre et imaginer ensemble un redoutable stratagème d'«arnaque aux riches» en usant et abusant de leur pouvoir de séduction comme de leur absence totale de scrupules. Mais au final, seront-ils forcément les plus doués à ce jeu de dupes ?
Rythmé, élégant, efficace
Marine Vacth (vue chez Jean-Paul Rappeneau et François Ozon) est hallucinante de fougue, de présence et de sensualité. C'est assurément son meilleur rôle à ce jour. Pierre Niney, lui, est très convaincant en escroc, un rôle peu éloigné de celui d'«Un homme idéal». Enfin, Isabelle Adjani, belle et féline, capricieuse et délicieusement insupportable, joue avec humour, distance et autodérision des clichés qu'on projette sur elle, et avec une gourmandise qui fait plaisir à voir. Au début du film, Nicolas Bedos la renvoie même au fond de la piscine, comme dans la chanson «Pull Marine».
Cruelle et joyeusement iconolaste, amorale et visuellement superbe, cette comédie de mœurs, qui n'épargne aucun de ses protagonistes (Emmanuelle Devos et François Cluzet y sont aussi impeccables), est filmée un peu comme la bande-annonce d'un film à venir : avec rythme, élégance et efficacité. Certes, en brouillant volontairement les pistes, le cinéaste prend le risque d'une narration parfois confuse et opaque. Mais qu'importe, le spectacle de cette comédie humaine est suffisamment savoureux pour en tirer un plaisir complice, assumé, presque coupable.