Le réalisateur Kenneth Branagh a décroché l’Oscar du meilleur scénario original, le premier de sa carrière, pour son drame en noir et blanc «Belfast», lettre d’amour à sa ville natale, dans laquelle il raconte les violences nord-irlandaises de la fin des années 1960, à travers le regard innocent d’un petit garçon de 9 ans.
Le cinéaste de 61 ans avait le même âge que son jeune héros quand, avec ses proches, il a dû quitter Belfast pour rejoindre l’Angleterre afin d’échapper aux «Troubles», guerre civile entre catholiques, partisans de la réunification avec l’Irlande, et protestants, défenseurs de l'appartenance au Royaume-Uni.
Cette récompense est «un grand honneur à une ville géniale et à des gens fantastiques», a-t-il déclaré ce dimanche 27 mars sur la scène du traditionnel Dolby Theater d’Hollywood, expliquant qu’il s’agit d’«une histoire sur la recherche de joie, d'espoir, face à la violence, à la perte».
"Cette histoire c'est avant tout la recherche de l'espoir en dépit de la violence."
Kenneth Branagh reçoit l'#Oscars du Meilleur Scénario Original pour Belfast pic.twitter.com/GqQR0oTonT— CANAL+ Cinéma (@CanalplusCinema) March 28, 2022
Nommé pour la première fois par l'académie en 1990 pour son adaptation de la pièce «Henry V» de William Shakespeare, Kenneth Branagh avait déjà battu un record lors des nominations aux Oscars en devenant la première personne à avoir été cité dans sept catégories différentes depuis le début de sa carrière.
Il avait également été nommé aux Oscars en 1996 dans la catégorie du meilleur scénario adapté pour «Hamlet», un film de plus de 4 heures pour lequel il a endossé les casquettes de scénariste, réalisateur et acteur principal, et en 2012 pour l'Oscar du meilleur second rôle, pour «My week with Marilyn», de Simon Curtis.
Cette même année, le réalisateur britannique avait reçu le titre de «Sir Kenneth» par la reine Elizabeth II au cours d’une cérémonie à Buckingham Palace. Il a été anobli pour ses rôles Shakespeariens, mais aussi pour son action sociale en Irlande du Nord.
Porté par mise en scène enlevée, millimétrée, et une photographie splendide, «Belfast», qui prend des airs de western, a en outre été sacré meilleur film britannique aux BAFTA 2022 et a reçu le Golden Globe 2022 du meilleur scénario. Rythmé par les partitions de Van Morrison, ce long-métrage est servi par un casting de haute volée.
un film dédié «à ceux qui sont restés, qui sont partis, et à tous ceux qui ont été perdus»
On ne peut que saluer la prestation sincère et tout en nuance du jeune Jude Hill, et que l’on découvre pour la première fois en train de jouer armé d’une épée en bois et d’un couvercle de poubelle. Un objet qui, quelques instants plus tard, devient un véritable bouclier pour lui et sa mère, interprétée par Caitríona Balfe.
Aimante, dévouée, et discrètement élégante, elle tente de faire les bons choix alors que son époux endetté, joué par Jamie Dornan, alias Christian Grey dans la saga érotique «Cinquante nuances de Grey», est contraint de travailler en Angleterre en tant que menuisier.
Outre ces deux acteurs d’origines irlandaises, qui forment un couple soudé et authentique, on croise aussi l’actrice oscarisée Judi Dench («James Bond»), lumineuse dans le rôle de la grand-mère, ainsi que Ciaran Hinds, le grand-père «pop». Ce duo participe grandement à la réussite de ce film mêlant humour et émotions, et dédié «à ceux qui sont restés, qui sont partis, et à tous ceux qui ont été perdus», peut-on lire à la fin du long-métrage.
En novembre, au moment de la sortie du film, le réalisateur avait expliqué que l'idée lui était venue «de ce silence que nous sommes nombreux à avoir expérimenté» avec les confinements liés à la pandémie de coronavirus.