L'écrivain, homme de théâtre et académicien René de Obaldia est mort à 103 ans, ce jeudi 27 janvier.
L’Académie française, qui a annoncé la triste nouvelle, n’a pas précisé les circonstances de sa disparition.
Né à Hong Kong en 1918, René de Obaldia avait grandi à Amiens, élevé par une nourrice puis par sa grand-mère après le décès de son père, un consul panaméen qui brilla surtout par son absence.
Mobilisé en 1940, il avait été fait prisonnier en Allemagne jusqu'en 1944. Il vivra quatre ans dans un camp en Silésie. Après la guerre, il écrivait poèmes et chansons (il fût notamment parolier de Luis Mariano) avant de se faire connaître avec son premier roman «Tamerlan des coeurs». En 1961, il commençait sa carrière au théâtre lorsque Jean Vilar décida de mettre en scène sa pièce «Génousie».
En soixante ans, l’ami de Roland Barthes, Clara Malraux ou encore Alain Robbe-Grillet est ensuite devenu l'un des dramaturges les plus joués. Son œuvre théâtrale, traduite en près de 30 langues, lui vaudra d'ailleurs une renommée mondiale avec des pièces comme «Du vent dans les branches de sassafras», «Monsieur Klebs et Rozalie», «La Rue Obaldia» ou encore «Les Bons Bourgeois».
Ecrivain touche-à-tout
Grave, caustique, ou absurde à l’instar de Beckett et Ionesco, avec qui il participa au renouveau du théâtre français, l’auteur facétieux du recueil Innocentines aimait toucher à tous les genres, en témoigne notamment Waterloo, petit bijou d’humour noir.
René de Obaldia avait été élu à l'Académie française en juin 1999, succédant ainsi à Julien Green. Il était devenu le deuxième académicien à atteindre l'âge symbolique de 100 ans, après Claude Lévi-Strauss.
Officier de la Légion d'honneur, commandeur des Arts et lettres, officier de l'ordre national du Mérite, il avait cessé d'écrire à la mort de sa seconde épouse Diane en 2012, à l'âge de 80 ans.
« Chers lecteurs, je vais bientôt me quitter », avait annoncé le doyen de l'Académie française en 2017 dans Perles de vie (Grasset), « Oui, disparaître de cette planète. Et il m’est venu à l’idée de rassembler moult pensées, citations, engrangées tout au long de mon existence, et de vous les léguer, dans l’espoir que pour vous aussi, elles seront source de réflexions, méditations, voire matière à rire et à pleurer. Je vais maintenant prendre congé de vous non sans vous gratifier d’un proverbe bantou : Mon ami n’est pas mort puisque je vis encore ».