C'est un événement aussi rare qu'intriguant qui se déroulera mardi 11 janvier sous la nef du musée d'Orsay. Le Ballet de Lorraine va en effet redonner vie au spectacle «Relâche», crée à l'époque par Francis Picabia, et qui associait pour la première fois la danse et le tout jeune art du cinéma.
Prévu pour deux représentations exceptionnelles, à 19h et 21h, ce ballet vient conclure dans le cadre de son festival Dernières Séances la présentation de l'exposition à succès «Enfin le cinéma !», qui prendra fin au musée d'Orsay le 16 janvier prochain. Jamais repris depuis sa création en 1924, «Relâche» est entré au répertoire de l'Opéra de Nancy en 2014, et vient donc cette fois illuminer de ses extravagances la verrière de la grande nef d'Orsay.
#DernieresSéances pour dire adieu à l'expo #EnfinLeCinéma
11/1: "Relâche", danse & ciné ds la nef avec @Contrasteprod, @CCN_BdL
13/1: "Cinélectro" avec @theomullerrr, @chloethevenin_ et @saycet
15/1: masterclass & ciné-concert @ibrahim_maaloufhttps://t.co/mbPBMSChoP pic.twitter.com/YfiBzqBaW0— Musée d'Orsay (@MuseeOrsay) January 6, 2022
Véritable jalon dans l'histoire des avant-gardes, il fit grand bruit lors de sa présentation en 1924. Conçu par Picabia (1879-1953), l'un des fondateurs du mouvement Dada, sur une musique signée Erik Satie, il est accompagné du film de René Clair «Entr'acte», qui vient s'intercaler entre les deux actes des parties dansées. A l'époque, ce sont les fameux Ballets suédois, compagnie installée à Paris de 1920 à 1925, et dirigée par leur compatriote Jean Börling - vu comme le successeur de Nijinski - qui donnèrent vie à cette création.
Tous les arts convoqués
Pour cette reprise, le Centre chorégraphique national - Ballet de Lorraine a fait appel au chorégraphe suédois Petter Jacobsson, qui fait intervenir 14 danseurs pendant un peu moins d'une heure, tandis que les musiciens de l’Ensemble Contraste exécuteront la partition intrépide de Satie, qu'il imagina un an avant sa mort.
Le dramaturge Christophe Wavelet, qui a réalisé d'importantes recherches historiques en amont de cette résurrection artistique, explique parfaitement en quoi cette pépite inclassable mérite d'être redécouverte : «c'est bien la première fois qu'un spectacle destiné à la scène fait ainsi dialoguer le cinéma avec la danse, les arts visuels et la musique. Pour mieux confier au public le soin d'en résoudre l'énigme».
A noter que dans le cadre du festival Dernières Séances, le trompettiste Ibrahim Maalouf proposera samedi 15, à 6h, une masterclass à l'auditorium, suivie à 20h30 d'un ciné-concert d'improvisation autour de la figure de Fantomas, cette fois dans la nef.