« Mon manège à moi, c’est toi. » Cette célèbre phrase, chantée par Édith Piaf, est connue de tous. L'histoire de sa vie est néanmoins plus secrète. « Derrière ce front de Bonaparte », comme disait son ami Cocteau, et son allure frêle, se cachait un prodige. Son magnétisme, dans la vie comme sur scène, se poursuit encore aujourd’hui.
Un héritage exploré sur le site Arte.tv dans le documentaire « Piaf - Sans amour on n’est rien du tout », visible jusqu'à la fin du mois de mars 2022. Voici cinq infos clés que l'on peut retirer de cette plongée dans la vie de la Môme.
Une enfance particulièrement difficile
Née au 72 rue de Belleville, à Paris, Édith Piaf est une enfant maltraitée. Sa mère, la chanteuse Line Marsa, l’abandonne dès sa naissance. Elle ne se souviendra d’elle que des années plus tard, pour lui soutirer de l’argent. Elle décède ivre et droguée, après des séjours en maison d’arrêt (1945). Son père, Louis Gassion, parti à la guerre en 1915, revient en permission, reprend sa fille et la confie à sa mère, tenancière peu aimante d’une maison de passe en Normandie. L’affection qu’elle reçoit est celle des pensionnaires, elle est leur mascotte. Toute la vie de Piaf sera mélo, et le mélodrame est populaire.
Une croyance sans limites dans l’au-delà
Maladive, Édith Piaf est quasiment aveugle durant son enfance. Après avoir prié Sainte-Thérèse de Lisieux, emmenée par les pensionnaires de la maison de passe, Édith retrouve la vue. Miracle ou médecine ? Toute sa vie, elle croira à la puissance de l’au-delà. Lorsqu’elle vivra des moments tragiques au cours de sa vie, elle fera d’ailleurs appel au spiritisme.
Pigalle, son premier QG
En 1930, Édith a 15 ans et en a marre. Elle fugue et arrive à Paris, où la rue est sa patrie, son univers. Accompagnée de son amie momone (Simone Berteaut), elle traîne avec les hommes de Pigalle, les bars sont son quotidien. Les deux comparses tiennent tête et gagnent de quoi manger en chantant dans la rue. Tombée enceinte d’un livreur rencontré dans le quartier, elle perdra son enfant quelques mois après sa naissance. Elle fait les bals musettes et dégringole la pente.
L’origine de son surnom, la « Môme » Piaf
Un soir d’octobre, un monsieur passe dans les beaux quartiers et l’entend. C’est Louis Leplée, patron du cabaret voisin, le Gerny’s. Il jouera sur l’aspect de cette gosse mal fagotée, qui chante à se faire exploser les cordes vocales. Banco, il remplit son cabaret. En une semaine, tout Paris est là pour voir la nouvelle curiosité. Mais vite, la voix de la petite les prend au creux de l’estomac. Leplée lui a trouvé un nom : la môme Piaf. Quelques mois plus tard, Louis Leplée est assassiné par des bandits, d’un coup de revolver. Dévastée par le chagrin plusieurs mois, Édith remonte la pente et chante à l’Européen, enregistre chez Polydor, c’est la consécration. La Môme, c’est fini, elle est devenue Édith Piaf. Sa renommée ne cesse d’augmenter, et elle multiplie les tournées en zone libre. En 1945, c’est la fin de la guerre. Elle a 30 ans, et est au mieux de sa puissance.
La tragédie de son premier amour
Fatalité tragique ? Est-elle aimantée par un nouveau rendez-vous du destin ? Dès qu’elle le voit, elle le sait, c’est lui. Elle va enfin se sentir protégée par ce gentil. Marcel Cerdan ne résiste pas à cette volonté absolue qu’elle a de l’aimer. Devenu champion du monde, partagé entre ses combats de boxe et sa vie de famille à Casablanca, il est rarement là. Elle écrit « L’hymne à l’amour » à ce moment-là, et lui rédige des lettres magnifiques. « Piaf, c’est l’amour dans son état premier », résume l’écrivain Claude-Jean Philippe. Le 28 octobre 1949, après un nouveau match, Marcel prend l’avion pour la retrouver et décède dans un accident survenu dans l'archipel des Açores. Le soir même, Édith chantera cinq chansons, avant de perdre connaissance à la sixième, « L’hymne à l’amour ». Elle vivra ensuite de longs mois extrêmement difficiles. Après un accident de voiture en 1958, de nombreuses opérations, un nouveau mariage et un dernier Olympia tel un adieu, Édith Piaf décédera le 10 octobre 1963, à 47 ans.
« Piaf - "Sans amour on n’est rien du tout », disponible jusqu’au 25 mars sur ARTE.