L’art de savoir jouer sa dernière carte. Avec «The Card Counter», qui sort ce mercredi 29 décembre au cinéma, Paul Schrader continue d’explorer ses thèmes de prédilection - l’isolement, la culpabilité et la rédemption - tout en s’intéressant de nouveau à un seul homme, solitaire et torturé.
Cette fois, il porte le masque d’un joueur de black jack et de poker professionnel, qui a appris à compter les cartes en prison, après avoir été tortionnaire pour le gouvernement américain à la prison d’Abu Ghraib, en Irak.
Et ce personnage, prénommé William Tell, le scénariste de «Taxi Driver» a décidé de le confier à Oscar Isaac, qui offre une performance tout à fait captivante. Charismatique et impénétrable, il écume les casinos du pays, dort dans des motels anonymes, où il recouvre tous les meubles d’un drap blanc comme pour cacher le présent, et passe en revue ses actes d’hier et d’aujourd’hui.
«Il est mystérieux et ses habitudes ont quelque chose d’étrange et de méticuleux, jusqu’à ce qu’on comprenne peu à peu qui il est et qu’on découvre ce qu’il a fait autrefois», explique Oscar Isaac, en faisant allusion à la méthode du cinéaste qui consiste à révéler progressivement la nature du personnage.
Entre deux parties de cartes, William Tell s’associe à la Linda, agent de joueurs (Tiffany Haddish), dont la présence apporte un peu de lumière à cette histoire sombre, qui plonge le spectateur dans une atmosphère envoûtante des années 1970. Le protagoniste croise aussi le chemin de Cirk (Tye Sheridan, «X-MEN : Apocalypse»), un jeune homme animé par un désir de vengeance.
Son objectif : kidnapper, torturer, et tuer John Gordo, incarné par Willem Dafoe, le supérieur sadique de son défunt père, et de William Tell. Dans l’espoir d’expier ses crimes et de retrouver la paix, ce dernier va prendre sous son aile le lycéen et dans le même temps, se reconnecter au monde extérieur.
Produit par Martin Scorsese, ce thriller, qui montre moins la violence qu'il ne la suggère, perturbe, destabilise, autant qu’il fascine. «J’avais envie de m’intéresser à un personnage qui a commis un acte qu’il ne peut se pardonner, a affirmé le réalisateur, à qui l’on doit également «Sur le chemin de la rédemption».
Le protagoniste «a fait de la prison, et si la société lui a sans doute pardonné, il ne s’est pas lui-même pardonné. Il a fait quelque chose de terrible, et il vit dans une sorte de purgatoire. Comment peut-il espérer s’en sortir ?»