Un couple anticonformiste. Librement adapté du best-seller éponyme d’Olivier Bourdeaut, paru en 2016, «En attendant Bojangles», de Regis Roinsard, emporte le spectateur dans un tourbillon de passions et de chimères, en le faisant passer du rire aux larmes.
Au cinéma le 5 janvier 2022, le film, qui se situe dans les années 1950 et 1960, raconte l’histoire d’un amour fou entre Georges (Romain Duris), un homme insouciant, baratineur, et Camille, campée par Virginie Efira, une femme irrésistible, fantasque, qui voit la vie comme une fête éternelle, et qui aime changer de prénoms au gré de ses humeurs.
Ils se sont rencontrés lors d’un cocktail mondain, et se sont mariés le jour même dans une petite chapelle avant de donner naissance à leur fils, Gary. Émerveillé et admiratif, le petit garçon de 9 ans (Solan Machado-Graner), l’adulte du clan finalement, suit le rythme de ses parents foutraques, quitte à louper l'école.
«Ta maman n’est pas comme tout le monde, lance Georges à son fils. C’est une originale et tu ne dois pas avoir peur de ses excès.» Georges et Camille, alias Rita, ou Antoinette, n’ouvrent jamais le courrier, enchaînent les soirées, auxquelles on a l’impression d’être conviés, les danses enflammées, et cathartiques, et font fi des convenances, pourvu qu’il y ait du gin tonic et du champagne.
Dans leur bulle, il y a leur ami l’Ordure, un sénateur qui se ballade toujours un cigare éteint aux lèvres, incarné par Gregory Gadebois, mais aussi leur animal de compagnie, Mademoiselle Superfétatoire, une grue de Numidie, qui, d’une certaine manière, se révèle être le double de la mère. Mais la réalité va finir par les rattraper.
Alors que la folie s’empare de Camille, la famille décide de fuir dans son «château en Espagne», où leur course effrénée va s’arrêter. Servi par un impeccable trio d'acteurs, ce long-métrage haut en couleurs, qui se concentre sur le regard du père, contrairement au livre, qui, lui, est raconté du point de vue de l’enfant, offre une parenthèse poétique, enchantée, et bouleversante.
Difficile de ne pas verser sa larme devant ce film, au fil duquel résonne la magnifique musique mélancolique «Mr Bojangles», de Nina Simone.
«Je ne suis sorti indemne ni du livre ni du film. Encore maintenant, 'En attendant Bojangles' me fait me poser beaucoup de questions sur l’amour – jusqu’où va-t-on pour la personne qu’on aime ? –, et sur la parentalité», a affirmé le réalisateur, qui a également signé «Populaire» et «Les Traducteurs».