Doté d'un casting international, «Fatima» sortira ce mercredi 6 octobre au cinéma. A cette occasion, CNEWS a rencontré le réalisateur Marco Pontecorvo pour parler croyance, religion et apparitions mariales.
Il n’est pas pratiquant, mais croit en Dieu. Le cinéaste italien, qui a notamment travaillé sur la série culte «Game of Thrones» en tant que directeur de la photographie, s’est intéressé pour son nouveau long-métrage aux apparitions de la Vierge Marie dont ont été témoins de jeunes bergers dans un village portugais en 1917. En pleine Première Guerre mondiale, Lucia dos Santos et ses deux cousins, Francisco et Jacinthe Marto, se retrouvent face à une dame en blanc qui leur demandera de revenir le 13 de chaque mois pour leur confier des secrets et les appelle à prier pour la paix.
Mais la véracité de ces visions est remise en cause par de nombreux athées, dont le maire de la commune, ainsi que les autorités religieuses. Envers et contre tous, ils font front et plus de 70 000 personnes assisteront au «miracle du soleil». A travers cette production de facture classique qui met en scène Harvey Keitel et use de flashbacks, Marco Pontecorvo s’est interrogé sur «la force de la foi de ces enfants à une époque où le téléphone et les réseaux sociaux n’existaient pas».
En quoi ce sujet historique et religieux vous a-t-il plu ?
Il y a plusieurs raisons qui m’ont poussé à mettre en scène cette histoire. Le destin de ces trois enfants, et en particulier celui de Lucia, me fascine. Je souhaitais montrer comment la vie de ces jeunes bergers a changé après les apparitions. C’est une réflexion sur notre rapport avec ce qui est transcendant, sur notre spiritualité, sans oublier la force dialectique du doute.
Marco Pontecorvo sur le tournage de «Fatima» (© DR)
Vous-même, croyez-vous en Dieu ?
Je ne suis pas pratiquant, mais je crois en Dieu. Je respecte par ailleurs ceux qui ne l’appellent pas Dieu. Tout n’est pas limité à ce que nous voyons.
Justement, pensez-vous que ces enfants ont vu la Vierge Marie lors d'apparitions en 1917 ?
C’est difficile de répondre à cela. Je ne pense pas que de savoir si les enfants l’ont vu ou pas soit ce qu’il y a de plus important dans cette histoire. C’est davantage une réflexion sur la force de la foi. Avec un message de paix et d’amour, et malgré les critiques et les attaques, ces jeunes ont en effet réussi à rassembler et à fédérer jusqu’à 70.000 personnes, à une époque où ni le téléphone, ni Internet ou les réseaux sociaux existaient. C’est l’aspect positif de ces événements. Si on ne peut garantir à 100% que ces apparitions soient vraies, on peut quand même s’interroger. Quelque chose est arrivée, sans aucun doute. Toutes les personnes présentes lors du «miracle du soleil», y compris des analphabètes, des scientifiques et des non-croyants, ont raconté les faits de la même façon.
J'aurais bien aimé que le Pape voie le film.
Pourquoi ne pas avoir choisi la langue portugaise pour mettre en scène ce récit ?
C’est très simple. A l’origine, c’est un film américain avec des producteurs américains et destiné au marché américain. Donc nous avons opté pour la langue anglaise. Si j’avais pu choisir, sans une problématique économique, j’aurais privilégié le portugais. Il y a des acteurs américains comme Harvey Keitel qui est originaire de New York, Sonia Braga qui est née au Brésil, ainsi que des comédiens portugais, dont Joaquim de Almeida, qui représentent ce lieu et cette culture si essentiels au film. Plus que le pays, la nature est un personnage à part entière dans ce récit.
«Fatima» a-t-il été projeté au Vatican ? Le Pape l’a-t-il vu ?
Je ne pense pas que le Pape l’ait visionné. C’était pourtant un désir que j’avais et j’aurais bien aimé avoir un retour. Je pense que certains représentants religieux l’ont néanmoins vu au Vatican. Je sais qu’aux Etats-Unis, certains évêques ont également pu découvrir «Fatima».
Quels ont été les retours ?
Des retours très positifs de la part de l’Église. Ceux qui l’ont vu ont apprécié que le film ne soit pas dogmatique. Il a par ailleurs déjà été diffusé au sanctuaire de Fatima lors d’une projection spéciale.
«Fatima», de Marco Pontecorvo (1h53). Avec Harvey Keitel, Goran Visnjic, Sônia Braga, Joaquim de Almeida. En salles.