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«Mulan» : faut-il voir l'adaptation du dessin-animé qui sort ce 4 décembre ?

L'actrice américaine d'origine chinoise Liu Yifei incarne l'héroïne. [© 2020 Disney Enterprises/Jasin Boland]

Reportée à plusieurs reprises puis privée de sortie en salles, l’adaptation en prises de vues réelles du dessin-animé «Mulan» sera enfin disponible ce vendredi 4 décembre, sur la plate-forme de streaming Disney+. Le long-métrage de Niki Caro est-il à la hauteur des attentes des fans de la guerrière chinoise ?

En raison de la crise sanitaire qui a bouleversé le calendrier des sorties sur grand écran, ce film en live-action au budget colossal de 200 millions de dollars, et qui devait être l’un des événements cinématographiques de cette année 2020, a dû faire face à bon nombre de polémiques, avant même d’être présenté au grand public.

A commencer par les propos tenus en août 2019 par Liu Yifei qui incarne l’héroïne. L’actrice américaine d’origine chinoise avait posté sur le réseau social Weibo un message de soutien à la police de Hong Kong en pleine période de protestations anti-Pékin, et alors que les forces de l’ordre étaient accusées de faire usage de la force - gaz lacrymogène et coups de balles en caoutchouc - contre les protestataires. Les militants pro-démocratie hongkongais, taïwanais et thaïlandais avaient tout simplement appelé au boycott de la superproduction de Disney.

La firme aux grandes oreilles a également été vivement critiquée pour avoir choisi de tourner une grande partie des scènes dans la région du Xinjiang, située dans le nord-ouest de la Chine. Une région où au moins un million de Ouïghours - une minorité musulmane turcophone – seraient détenus arbitrairement dans des camps. Des faits que réfute Pékin. Allant jusqu'à adresser des «remerciements particuliers» à plusieurs instances gouvernementales dans le générique de fin de «Mulan», Disney a été taxé de soutenir la Chine par de nombreux opposants.

Enfin, l’annonce de la sortie du film aux Etats-Unis le 4 septembre sur Disney+ n’est pas non plus passée inaperçue puisque les abonnés de la plate-forme ont été obligés de débourser près de 30 dollars supplémentaires pour le visionner en direct depuis leur salon. Un surcoût qui a provoqué l'incompréhension et la colère de certains. Que les fans français se rassurent, «Mulan» sera bien accessible gratuitement dans l’Hexagone dès vendredi.

Un film épique qui manque d'humour

Si la sortie a donc été semé d'embûches, qu’en est-il de l'œuvre en elle-même ? L’histoire racontée par Niki Caro n’est pas très éloignée du dessin-animé sorti en 1998. Une histoire aux antipodes des contes de fées traditionnels de Disney où la jeune et belle princesse attend son prince charmant. Ici, la petite Hua Mulan possède des qualités physiques incroyables, capable de courir - voire voler - sur les toits pour rattraper une poule, et de manier le bâton avec une dextérité digne d’un moine Shaolin. Plutôt que de se marier, comme le veut la tradition, la jeune femme choisit de s’échapper, et de s’enrôler à la place de son père à la santé fragile dans l’armée impériale pour sauver son pays de terribles envahisseurs. Une mission pour laquelle elle devra se déguiser en homme, avant de révéler sa véritable identité. 

La réalisatrice néo-zélandaise ne signe pas un remake de la version 1998. Elle s’inspire davantage du poème «La Ballade de Mulan», très populaire dans la culture chinoise, pour mettre en scène le destin d’une héroïne qui n’a pas besoin d’être secourue. «Ce qui m’a attirée dans cette histoire, c’est Mulan. Son parcours de vie - une villageoise qui devient un soldat, puis une héroïne de guerre - est aussi pertinent et garde la même résonance que lorsque l’histoire a été écrite pour la première fois il y a plus de 1 500 ans. Je voulais une vision des choses et une toile de fond très actuels», explique Niki Caro dans les notes de production.

En résulte un film plus réaliste que le film d'animation avec des scènes de combat impressionnantes et chorégraphiées nécessitant la création de près de 4.000 armes et la participation de centaines de figurants. Mais l’action prend à terme le pas sur les protagonistes eux-mêmes. Ils manquent de profondeur, et cette Mulan en devient presque trop fade. N’est pas Jedi qui veut. Dans des décors somptueux et portée par une très belle photographie, l’héroïne s’exécute et mène son combat sans véritablement nous émouvoir.

Niki Caro a également pris quelques libertés par rapport au dessin-animé, ce qui pourrait décontenancer certains fans nostalgiques peu enclins aux changements. Peu de scènes comiques, pas de love story avec Li Shang, un dragon Mushu aux abonnés absents, et aucune chanson originale, dont «Comme un homme», entonnée pendant près de deux heures (enfin presque…).

Développer quelque chose de différent du film d’animation original afin de privilégier l’action et des thèmes forts comme l’émancipation des femmes, voilà l’exercice périlleux qu'a tenté de réaliser Niki Caro. Pour ce faire, un nouveau personnage féminin, Xianniang, incarné par la star Gong Li, fait son entrée et donne l'occasion d'assister à un face-à-face musclé entre Mulan et cette sorcière qui peine elle aussi à se faire une place dans un système patriarcal. Vive le Chi.

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