Une question est sur toutes les lèvres des fans de l'inoubliable archéologue campé au cinéma par Harrison Ford depuis 1981. A quoi va bien pouvoir ressembler le cinquième volet promis de longue date, mais reporté ou retardé depuis des années?
Et tous ceux qui gardent un souvenir ému d'Indiana Jones, chapeau sur la tête et fouet sifflant à la main, découvrant de mythiques trésors sur l'inoubliable musique de John Williams, sont en droit d'émettre de sérieux doutes quant à la forme que prendra le projet, initié pourtant depuis 2015. La faute à un quatrième volet, «Le Royaume du crâne de cristal», qui avait largement déçu lors de sa sortie en 2008, malgré la présence de Spielberg derrière la caméra, avec un scénario et un rythme qui n'offraient aucun second souffle à la saga. Mais les dernières nouvelles semblent enfin apporter quelques raisons de croire à la réussite du tournage, qui pourrait raviver le genre du film d'aventure sur grand écran. Voici les principales infos à retenir concernant le cinquième volet d'Indiana Jones.
Harrison ford tiendra bien le rôle principal
On avait eu droit à la découverte du fils caché (joué par Shia LaBeouf) d'Indiana dans l'épisode 4, ce que les spectateurs avaient pu interpréter comme un passage de témoin, alors qu'Harrison Ford était âgé à l'époque de 66 ans. Mais à force d'entraînement, la star avait pu effectuer lui-même ses cascades. Après l'annonce d'un cinquième volet, les rumeurs reprenaient sur le nom de l'acteur qui remplacerait le Ian Solo archéologue. Certains, comme le youtubeur Shamook, imaginaient Chris Pratt se glisser dans le rôle, après un montage très convaincant...
Jusqu'à ce qu'Harrison Ford lui-même ne démente la rumeur, expliquant à la télévision américaine que « Personne d'autre ne peut être Indiana Jones. Vous ne comprenez pas ? Quand je serai mort, il sera mort !» Et c'est bien lui qui aura pour la cinquième fois la lourde tâche de résoudre les énigmes et désamorcer les pièges qui ne manqueront pas de se glisser en travers de sa route. On peut bien entendu s'interroger sur le potentiel athlétique de celui qui frôle les 80 ans, mais les effets spéciaux ont désormais la capacité de faire illusion en toute situation, demandez donc à James Dean dont on attend toujours la sortie du prochain film.
Et Harrison Ford pourra ainsi continuer la revisite des grands films de sa carrière, à l'image du reboot de Blade Runner, ou encore ses apparitions dans la dernière trilogie Star Wars. L'acteur iconique semble en tout cas beaucoup plus motivé à l'idée de retrouver son personnage d'Indy que celui du contrebandier Ian Solo, pour le destin funeste qu'on lui connaît. Son principal souci reste donc de ne pas décevoir les fans, conscient des succès mitigés dès que l'on tente de redonner vie à une ancienne franchise jusqu'alors réussie. Au printemps dernier, il s'est exprimé sur sa motivation : « Quand nous avons la possibilité d'en faire un autre c'est parce que les gens apprécient (la saga Indiana Jones, ndlr). Je me dois de faire en sorte que nos efforts soient aussi ambitieux que lorsque nous avons commencé. Vous devez avoir le sens des responsabilités envers vos clients», expliquait-il ainsi en février, en pleine promo pour « L'Appel de la forêt».
Avant de prendre les films Marvel pour exemple quelque temps plus tard : « Je ne veux pas vraiment leur donner ce qu'ils veulent voir, je veux leur donner quelque chose qu'ils ne peuvent pas prévoir. Ils sont habitués à un certain degré de déception quand vous revisitez. Les films Marvel se sont certainement imposés comme un exemple spectaculaire de succès qui marche dans l'autre sens. Ils ont tout défoncé ! Eh bien, on ne va pas faire un autre film Indiana Jones sauf si on défonce tout. On veut qu'il soit le meilleur. On a quelques problèmes de planning et quelques trucs d'écritures à faire, mais on est déterminés à le faire correctement avant qu'il soit réalisé».
le film ne sortira pas avant 2022
Steven Spielberg annonçait se pencher sur le projet dès 2015, confirmé par la production l'année suivante. Ensuite arrivait une période indécise, entre changement d'équipes de scénaristes et report de la date de mise en tournage. Il faut dire que Disney s'arrache les cheveux pour construire son planning très serré de sorties, entre les films Marvel, les productions Lucasfilm, et les films maisons. Très impactée par le coronavirus, à l'image du film Mulan qui sera finalement disponible sur la plate-forme Disney + et non pas au cinéma, la firme se doit de revoir l'intégralité de son agenda de sorties.
A l'origine, la sortie était prévue pour l'été 2019. Puis l'annonce d'un tournage débutant en avril 2019 envoyait le film en salle, au mieux, le 8 juillet 2020. En mai de l'année dernière, ce sont des problèmes de scénario qui repoussaient une fois de plus la sortie, alors fixée au 7 juillet 2021. Des volte-face scénaristiques qui semblent avoir trouvé leur dénouement il y a peu, le producteur historique de la franchise Franck Marshall indiquant en mai dernier que le film était enfin entré en phase...d'écriture, tel qu'il l'indiquait au site Coolider.
Crise du coronavirus oblige, le scénario doit en plus s'adapter lui aussi aux différentes contraintes qui pèsent désormais sur les studios lors de l'organisation des scènes, ce qui ne peut que ralentir la durée des tournages. Les scènes d'action ou de baisers devront ainsi être réduites au minimum : « Notre priorité est la sécurité de tout le monde, des acteurs, de l'équipe, de tout le monde. Nous examinons donc les directives dont nous prenons connaissance, des experts de santé, des studios et des différents secteurs de l'industrie, nous allons essayer de tout appliquer, pour travailler sans la moindre prise de risque. Cela va ralentir les choses, mais nous faisons au mieux pour nous adapter. Il n’y aura pas beaucoup de scènes de foule, par exemple », précisait ainsi Franck Marshall. Avec toutefois une confirmation de la nouvelle date officielle de sortie, fixée pour l'instant au 29 juillet 2022.
james mangold réalisera le film
Alors que Steven Spielberg, le réalisateur star des années 1980 et 1990 qui a donné ses lettres de noblesse aux films d'aventure à la sauce hollywoodienne, s'était mis sur les rangs et avait lui-même annoncé la renaissance de la franchise en 2015, les aléas du projet l'ont fait changer d'avis. Peut-être que le succès très relatif du quatrième chapitre, sorti en 2008 après près de 20 ans de pause et qui avait dérouté les fans, y est aussi pour quelque chose. Le réalisateur des «Dents de la mer», qui restera toutefois producteur exécutif sur le film, avait diplomatiquement expliqué en février dernier son retrait du projet par sa volonté de transmettre «le fouet d'Indy à une nouvelle génération afin qu'elle apporte son point de vue à l'histoire», selon le magazine Variety. Son grand projet d'adaptation au cinéma de West Side Story, prévu pour décembre 2020, l'a sans doute aussi accaparé.
Le réalisateur James Mangold
C'est donc James Mangold qui hérite de la réalisation du film, avec la volonté affichée de respecter le passé cinématographique du héros iconique tout en y insufflant une dose de nouveauté. Suite à l'annonce de son arrivée, il avait livré au site ComicBook.com sa vision du prochain opus et du travail à faire pour aborder une saga déjà culte : «Je pense que le plus important est, à une époque où les franchises sont devenues une marchandise, de servir à nouveau la même chose. Cela signifie que le public souhaite avoir de nouveau la même sensation que la première fois.
Il faut donc pousser vers un nouvel endroit, tout en se rappelant les raisons essentielles pour lesquelles tout le monde a apprécié.» Le pedigree du cinéaste a en tout cas de quoi rassurer, entre «Le Mans 66» pour le rythme du film et «Logan» pour les scènes d'action et le respect de l'esprit d'une franchise, et surtout les aventures d'un héros, ici Wolverine, au crépuscule de son histoire. Frank Marshall, producteur de la franchise d'Indiana Jones, a par ailleurs justifié le choix de Mangold par «son amour de la franchise». «C'est un merveilleux cinéaste. Je pense qu'il a aussi une relation avec Harrison. C'était le bon moment pour réunir les bonnes pièces» a-t-il expliqué au site Collider.
un script en quête d'auteur
A qui revient la lourde tâche de redonner vie au plus célèbre archéologue du cinéma, en réussissant le tour de force de conjuguer clins d'oeil aux spectateurs d'origine, nouveau récit adapté aux goûts du jour, et péripéties qui pourraient convenir à un acteur octogénaire ? Visiblement, le cahier des charges devait être particulièrement lourd, puisque les désistements et remplacements se sont multipliés, autant que les revirements de scénario. C'est d'abord un fidèle de Steven Spielberg, David Koepp, qui était adossé au projet. Celui qui a oeuvré sur la franchise Jurassic Park avait déjà travaillé à l'écriture du 4eme volet d'Indiana Jones, Le crâne de cristal (pas forcément une bonne nouvelle pour les fans de la saga).
De d. à g. : Indy, sa femme, le professeur Oxley et le fils de l'archéologue, aussi dubitatifs que les spectateurs dans ce 4eme opus.
Puis les noms de Jonathan Kasdan (le fils de Lawrence Kasdan, scénariste du premier opus, Les aventuriers de l'Arche perdue) et Dan Fogelman étaient annoncé, chacun apportant sa propre version du script. Repoussant l'idée d'une sortie en 2019, une nouvelle volte-face avait lieu. David Koepp revenait dans le circuit, pour améliorer ou réviser les versions proposées. Mais patatra, la nouvelle du retrait de Spielberg en février de la réalisation le poussait à passer la main, comme il l'indiquait au site Collider : «Quand James Mangold est arrivé… il méritait d’avoir sa chance. J’ai écrit plusieurs versions avec Steven, donc quand il a quitté le projet, c’était le bon moment pour laisser Jim développer son point de vue et le laisser lui ou son équipe écrire ce scénario». L'écriture de ce qui devrait enfin être la version définitive n'a pour l'heure commencé qu'en mai dernier.
le retour à un scénario classique ?
Beaucoup d'inconnues et de revirements, qui laissent peu de place à la question centrale concernant cette franchise : à quel mystère va bien pouvoir être confronté cette fois Harrison Ford ? Plusieurs infos avaient pu fuiter concernant les scripts précédents et, a priori, non retenus. Selon les informations de Making Star Wars, la version de Jonathan Kasdan, mise de côté depuis, explorait l'énigme du «train d'or de Walbrzych », à savoir le ou les trains nazis transportant l'or volé aux juifs, et dont l'un aurait mystérieusement disparu. Du côté de Dan Fogelman, lui aussi sorti de l'équipe, on retrouvait les ingrédients qui avaient fait le succès des précédents opus, à savoir la quête d'un artefact légendaire qui offrirait d'incroyables pouvoirs à celui qui pourrait l'utiliser.
Alors que les trois premiers volets avaient été conçus comme des hommages aux films d'aventure des années 1930, George Lucas, le père d'Indy avec Spielberg, avait expliqué avoir voulu pasticher l'esprit des films de soucoupe volante des années 1950, entre référence au bloc soviétique et peur des extraterrestres, pour le quatrième opus. Une idée qui, malgré son accord, n'avait pas séduit Spielberg, et les spectateurs non plus.
Indy aurait-il des problèmes de vue dûes à son grand âge ? (© Paramount pictures)
Autre donnée à prendre en compte, si la vision chronologique de la saga est poursuivie, il faudra qu'Indy prenne corps dans les années 1950, voir 1960, après l'incursion dans la guerre froide de l'opus 4. Pas sûr que ce choix soit le plus séduisant pour les spectateurs, pour qui Indy reste surtout associé au charme rétro des années d'avant guerre.
Mais comme ont su si efficacement le montrer les studios Disney (propiétaires de LucasFilm depuis 2012, et donc de la franchise Indiana Jones) en ce qui concerne la saga Star Wars, la liquidation de l'héritage d'une franchise ne leur fait pas peur. Tuer les héros principaux (dont un certain Ian Solo), ne pas tenir compte d'un épisode (le 8eme dans Star Wars), ou creuser un arc narratif ancien ou à peine évoqué : rien n'arrête plus le mastodonte aux grandes oreilles.
L'autre paramètre est l'âge de celui qui incarnera pour toujours l'archéologue, soit 78 ans («Il n’y aura jamais qu’un acteur pour jouer Indiana Jones et ce sera Harrison Ford», selon Spielberg). A moins d'user de subterfuge numérique, on imagine mal les scénaristes embarquer le héros dans les travaux d'Hercule. Un aspect peu connu mais néanmoins intéressant serait alors de se pencher sur la vie intime d'Indy, dont peu de détails sont apparus lors des films. Une possibilité que laisse imaginer les quelques mots d'Harrison Ford lui-même au micro d'IGN : «Nous verrons de nouveaux développements dans sa vie, sa relation. Nous verrons une partie de son histoire résolue».
Shia LaBoeuf, qui incarne son fils naturel dans le 4eme opus, survivra-t-il à la mauvaise réputation de cet épisode, ou Indy trouvera-t-il un digne successeur lors de ce cinquième épisode, pour offrir à Disney la possibilité de poursuivre la franchise, à l'image de celle de Star Wars ? Et puisque l'air du temps est à la féminisation des héros et super-héros iconiques d'Hollywood, pourquoi ne pas imaginer une héritière, prête elle aussi à faire le tour du monde, et qui aurait un sacré charme coiffée d'un chapeau et sachant faire claquer le fouet ?