La cinémathèque rouvre ce 15 juillet avec une exposition familiale autour du plus célèbre clown du vingtième siècle : Louis de Funès. Une première pour l'institution.
Un petit bonhomme à la grande démesure. Dans l'ascenseur déjà, un simple caquètement rappelle aux fans de Louis de Funès l'une des scènes cultes de Rabbi Jacob. Place ensuite à une exposition chronologique qui plonge tête la première dans l'époque que Louis de Funès (31 juillet 1914-27 janvier 1983) traversa.
Toute une époque
On y découvre d'abord sa fascination pour les pères du burlesque comme Charlie Chaplin ou Buster Keaton, avant de pouvoir (re-re-re)voir la scène de «La traversée de Paris» dans la cave de l'épicier Jambier. Hypnotique «Jambier ! 45 rue Poliveau», lancé par Jean Gabin face aux gesticulations de Louis de Funès, déjà génial mais encore méconnu du grand public au moment du tournage.
Louis de Funès dans un extrait de «La traversée de Paris» de Claude Autant-Lara (1956) © V.Jannière
Pianiste de jazz avant de se lancer dans le métier de comédien, on découvre son succès tardif après des centaines de petits rôles. Coupures de journaux et critiques de cinéma de l'époque, comme transistors et téléviseurs dodus témoignent de ces fameuses trente glorieuses qui voient émerger celui qui deviedra peu à peu incontournable dans le paysage cinématographique français, grâce notamment à Gérard Oury.
De Funès-Oury : le duo de choc
Avec le réalisateur Gérard Oury, ce sera quarante années d'amitié et de collaborations, du «Crime ne paie pas» (1975) aux plus populaires «Aventures de Rabbi Jacob» (1973), «Le Corniaud» (1965), «La grande vadrouille» (1966) et «La folie des grandeurs» (1971). Ces quatre derniers grands succès feront plus de 42 millions d'entrées à eux quatre.
Tournée vers un public éminemment familial, la cinémathèque a exposé les plus célèbres voitures de ces comédies : la BMW 507 de «Fantomas» et la 2CV de Bourvil du «Corniaud» complètement déboulonnée.
La mythique 2 CV conduite par Bourvil et déboulonnée par Louis de Funès dans «Le Corniaud» © La cinémathèque
On découvre aussi le fameux costume de rabbin dans «Les aventures de Rabbi Jacob», et l'une des somptueuses robes de la reine dans «La Folie des grandeurs».
Le costume de Rabbi Jacob de Louis de Funès © V.Jannière
De nombreux extraits de films montrent également l'aisance de l'acteur à faire jouer son corps dans des postures, grimaces et même chorégraphies très réglées et toujours hilarantes.
«Le grand restaurant» de Jacques Besnard (1966) © Gaumont
A la fin de l'hommage à ce géant de la comédie, une petite section plaira encore aux plus jeunes : une statue de cire du petit homme l'immortalise dans son rôle de Cruchot, le gendarme de Saint Tropez que la cinémathèque ne pouvait pas omettre dans sa filmographie à rallonges.
Louis de Funès en costume de gendarme et en version statue de cire © V.Jannière
Un caractère difficile
Pas de fumée sans feu. Le personnage colérique et meneur campé tant de fois par Louis de Funès n'est pas né tout seul. L'homme lui-même a pu avoir des comportements difficiles à vivre pour ses collaborateurs. Nombre de courriers, notamment quelques correspondances avec Alain Poiré, en témoignent ici. On découvre ainsi à quel point l'acteur se mêlait du scénario, de la production et même de la distribution de ses films. L'exposition aborde aussi la grande sensibilité de l'acteur, à travers ses demandes farfelues et sa crainte de s'enfermer dans un même rôle. A la fin de sa vie, ce dernier était à la recherche de changements et préparait d'ailleurs son premier scénario original.
Pour compléter cette jolie exposition familiale, la cinémathèque organise des visites guidées et deux journées d'ateliers pour le jeune public les 16 et 17 juillet, avec la possibilité pour les enfants de réaliser eux-même un court film mettant en scène un gag. Sont organisées des lectures, ainsi que des conférences en présence de Danièle Thompson, la fille de Gérard Oury. Une grande retrospective de son oeuvre est également programmée pendant tout l'été.
Louis de Funès, l'exposition, du 15 juillet 2020 au 31 mai 2021 à la Cinémathèque , Paris 12e.